Propriano. Sergio, journaliste, est abattu. Étienne, corse, flic à Marseille, ami de Sergio, est envoyé sur place pour enquêter. Las, il se heurte vite à de sérieux obstacles. Qui en voulait à Sergio ? Les indépendantistes ? La piste n'y mène pas, mais croise plutôt celle du bourbier françafricain. Zanzibar, les Enfants des Grands Lacs, des ONG paravents. Étienne accepte d'enquêter officieusement en Afrique. Marseille–Kampala. Il tombe sur un Corse sulfureux : « l'i ». Jacques Scarbonchi. Chien de guerre trempant dans tous les sales trafics de cette Françafrique détestable. Scarbonchi a créé CorsiKa Ltd, qui vend du bois précieux, des armes, des machines à sous et des médicaments de contrebande. Peu armé pour ce genre de mafia, Étienne finira par laisser, de force plutôt que de gré, une femme l'abattre. Une exécution presque dérisoire : un autre Scarbonchi est déjà en place, le gouvernement français s'y affaire… Superbe premier chapitre, tout en montée au sacrifice. Course folle dans la poussière suffocante, Amin Dada en mémoire. Remarquable convocation également de l'histoire corse, tourmentée, depuis la naissance du FLNC jusqu'à l'assassinat du préfet Erignac, des règlements de comptes aux luttes d'influence et autres dérives mafieuses de certaines branches du mouvement indépendantiste. Le tout mené comme un thriller circonspect, fouillant l'histoire et non s'y soumettant, dans une prose parfaitement travaillée, ici pulvérisée et rugueuse, là volontiers lyrique et luxurieuse.