La Plaine ne fait pas référence à une notion géographique basique mais bien à un quartier, une partie de Marseille, qui va servir de décor à ce roman de Pascal Escobar, comme le précédent était centré sur la Belle de mai. Dans ce quartier, au sens large du terme, deux institutions marseillaises : les camions qui sillonnent la ville pour vendre des pizzas aux habitants et les rappeurs qui essaient de prendre les hautes places du panier du show biz. Stanislas Carrera, détective privé, va être donc confronté à ces deux institutions. Tout d’abord, c’est l’association qui s’occupe des camionneurs-pizzaiolo qui le contacte. Un mystérieux individu agresse les camions en leur jetant du gaz lacrymogène, faisant fuir les clients. Il convient d’arrêter ses agissements. Carrera commence son enquête et comprend qu’il va lui falloir mettre dans la boucle des « amis » à qui il devra des faveurs pour surveiller les différents points de vente. En même temps, c’est un producteur de rap qui contacte le détective. Depuis quelques mois, des mystérieuses lettres arrivent menaçant Esmeraldo Platinium, un fameux rappeur finissant une série de concerts gigantesques par une apothéose prévue à Marseille au stade vélodrome. Mais les menaces sont écrites bizarrement, faisant référence à des événements sans préciser exactement lesquels et avec un vocabulaire châtié. Qui peut ainsi le menacer ? Même si certains pointent leur doigt vers des gangsters reconvertis (ou l’utilisant pour blanchir de l’argent) dans le bizness musical et la production.
Deuxième volet autour de Marseille, La Plaine s’appuie sur une structure policière classique (ici, deux enquêtes sur deux éléments typiquement marseillais selon l’auteur) et sur une description des us et coutumes des habitants, sur leurs rapports, leurs liens avec la ville. Pascal Escobar livre également une description des milieux criminels et comment il est facile de « péter les plombs » dans ce coin. Les deux enquêtes se mélangent avec soin à l’histoire plus littéraire pour former un roman de qualité, qui sait jouer des scènes d’action, comme des descriptions, et installer des personnages sensibles au cœur d’une intrigue intéressante. Un peu à la manière des films de Robert Guédiguian, les éléments se répondent pour construire un récit prenant, humain, fin et sensible.