Samantha Mackey, étudiante de modeste condition, a réussi à intégrer une université très bien cotée. Elle est en dernière année pour apprendre l’écriture littéraire, au sein d’un petit groupe de cinq personnes où elle fait un peu bande à part. Elle vit tranquillement avec sa meilleure amie Ava, et un ami poète, Jonah. Elle se moque des quatre autres étudiantes, qu’elle surnomme les Bunny, quatre filles de bonne famille. Un soir, les quatre filles l’invitent à une réunion. Elles veulent lui montrer leurs pouvoirs car elles sont capables, disent-elles, de transformer des lapins en hommes selon leurs rêves. Mais tout n’est pas parfait et les hommes en question n’ont pas tous les éléments performants (soit le cerveau, soit l’amour, soit….). Les quatre Bunny tentent de la convaincre de se joindre à elles car elles sont sures que Samantha dispose elle aussi de pouvoirs. Et pour la convaincre plus facilement, elles vont même jusqu’à lui offrir une boisson, agrémentée d’une drogue qui devrait décupler ses pouvoirs et la faire basculer dans leur camp. Si Samantha essaie bien de transformer des lapins, ce n’est absolument pas une réussite. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas persévérer et les choses vont évoluer de manière de plus en plus étrange.
Renforcé par un double final qui renversera toutes les perspectives, ce roman est un OVNI, vanté par Margaret Atwood, l’auteure de La Servante écarlate et l’on comprend pourquoi. Jouant sur la parodie et le cynisme des élites estudiantines, sur les ateliers d’écriture, sur le pouvoir des femmes « sorcières », Bunny évoque un monde onirique qui bascule dans le fantastique, flirte avec l’étrangeté dans une atmosphère qui rappellera les images de La Belle et la Bête version cinématographique de Jean Cocteau. Mona Awad construit une histoire qui se décale sans arrêt, qui vire dans la fantasmagorie, tout en continuant à rester sérieuse, qui va jusqu’au bout des prémices de son intrigue, pour offrir un roman décalé, dans lequel rôdent des personnages mystérieux et dangereux qui font virer le texte dans le noir le plus total (mais sans l’aspect policier) pour finir par exploser dans un final étourdissant. Une auteure qu’il va falloir suivre.