Les lecteurs des romans de James Lee Burke connaissent Clete Purcel depuis des années. C’est un peu le « complice » de Dave Robicheaux, le policier phare de la série. D’une certaine manière, Clete Purcel est un peu son côté sombre (encore plus sombre même). Ancien policier, exclus de la police pour diverses entorses à la légalité, il est devenu un détective privé. Depuis la mort de sa nièce, tuée par les drogues, il déteste les trafiquants. Au début de ce roman Clete Purcel est surpris car des truands semblent avoir pris sa voiture pour cible. Celle-ci vient d’être en partie détruite par un gang lié aux cartels de Mexicains dans une station de lavage dont les patrons ne sont pas, non plus, des modèles d’intégration sociale harmonieuse. Il a très vite compris qu’il s’était passé un truc avec sa voiture et qu’elle avait dû servir pour un trafic ou un autre, mais il ne comprend pas tout. La seule chose qu’il assimile c’est qu’il va faire payer ceux qui ont mêlé son véhicule à la drogue. Alors que cette partie de l’enquête s’enlise un peu, Clete purcel est contacté par une femme qui veut l’engager comme détective : il doit trouver des preuves qui pourront lui permettre de divorcer. Mais l’affaire est complexe et l’épouse semble elle aussi tremper dans des magouilles pas très claires. De plus, si son camarade a parfois des visions de combattants sudistes revenant d’entre les morts pour se balader au milieu de l’enquête, Clete Purcel lui aussi parle avec des fantômes, et des plus anciens encore ! De quoi l’aider lorsque les « méchants » voudront l’embêter.
Centré sur Clete Purcel, comme le titre et le début de notre chronique l’indiquent, même si Dave Robicheaux passera de temps à autre dans notre champ de vision (et que Clete d’ailleurs donnera quelques informations inédites sur son collègue et ami), le roman reprend tous les ingrédients de la série : descriptions soignées des gens, qu’ils soient victimes, coupables ou curieux de passage, importance accordée à la primauté du Mal qui gangrène tout, violence larvée qui, comme dans les orages, éclate soudain en quelques secondes, long cheminement de l’intrigue qui tourne autour de son sujet, de manière concentrique, de plus en plus concentrée (nous avons des doutes dès le début sur la culpabilité de l’un ou l’autre, Clete aussi, et revient sans cesse pour affiner ses impressions), sens du tragique et du fantastique Clete est-il fou en parlant avec des morts ? D’accord, mais alors pourquoi trouve-t-on des traces d’épée là où il parle avec une guerrière médiévale ? Le personnage apparait un peu moins torturé que lorsque les intrigues de James Lee Burke sont centrées sur son ami, mais le décalage apporté par ce nouveau regard est plus que convaincant et relance l’intérêt (jamais démenti par ailleurs) pour une série magistrale.