Mauro a 32 ans, et est obsédé par le surf et les mangas. Il ne supporte pas que l’on puisse confondre les héros des dessins animés. Il mange des chips, joue aux jeux vidéo et laisse filer la vie. Sa mère commence à être fatiguée de cet adolescent attardé et l’inscrit à une variante des alcooliques anonymes : les adolescents attardés anonymes (les « Triple A »). Mais là, au lieu de s’améliorer, il va faire la connaissance de Saori, une jeune femme qui adore les mangas et dont il tombe amoureux. Il est même prêt à chercher un petit travail, et c’est ainsi qu’il devient gardien de parking. Heureusement, pour le sortir du quotidien, il se balade avec Yan, son colocataire, un gars aussi peu intégré que lui. Ils font du surf et un peu de plongée sous-marine. Ils découvrent un vieux pistolet (sans doute une arme jeté là il y a plusieurs années par un criminel lors d’un règlement de compte). À tout hasard, ils remettent des balles pour avoir un peu d’adrénaline et, évidement, tout va déraper.
Dans ce court roman de Julien Codaccioni, on retrouve ce qui faisait le charme du Paradoxe de Rio : héros paumés et dépassés par les événements, engrenage fatal dans les milieux du banditisme, un monde hyper violent où tout se règle de manière chaotique et avec beaucoup de souffrance. Entre deux journées moroses au parking, Mauro découvre l’amour mais, aussi, la violence, les rapports sociaux rudes et criminels. Des rapports dans lesquels, une fois qu’on y est insérés, il devient difficile de sortir. Tout l’art de l’auteur est là encore, sur une trame classique, de décrire avec soin et sans effet de manche comment tout peut se déglinguer rapidement, comment les relations ont du mal à se faire quand on manque d’argent, de connaissances et que les rapports de force sont la seule loi connue. Tendu, le texte frappe fort en décrivant la réalité de gens marginaux, dépassés par les événements, pris dans des chaines qu’ils ne peuvent défaire, avec un soin et une écriture solide, contemporaine, serrée.