David Kawika Apana a été un bon journaliste d’investigation. Mais la presse a justement mauvaise presse et ses patrons se sont passés de lui. Il s’est reconverti comme détective privé et comme joueur de poker. Il vient d’ailleurs de gagner un bateau lors d’un jeu disputé avec un avocat et il s’est installé à son bord, sans avoir que ce bateau est surveillé par les forces de police car elles pensent qu’il a pu servir pour importer de la drogue à Hawaii. C’est alors qu’il reçoit la visite d’une belle femme qui s’inquiète car sa fille majeure a disparu et son petit ami ne semble pas, non plus, donner de ses nouvelles. Peu à peu, en fouillant, le détective découvre que de nombreuses pistes s’ouvrent devant lui : la jeune femme réalisait des documentaires sur la vie à Hawaiiet elle s’était mise à dos des hommes politiques locaux, liés sans doute aux familles mafieuses. De plus, elle est la fille d’un ancien gangster, abattu il y a des années en pleine rue, sans que l’on ne trouve de coupables. Ce gangster était aussi chanteur et avait écrit des chansons qui lui ont été « volées » par un producteur sans scrupules, un producteur musical devenu producteur cinéma et qui lui aussi a des fréquentations avec les milieux interlopes. Enfin, pour financer ses prochains projets elle avait lié connaissance elle aussi avec des gens peu honorables et des rumeurs courent sur le fait qu’elle et son compagnon utilisaient leur bateau pour passer d’île en île et transférer des marchandises pas forcément légales. Pour en savoir, David Kawika Apana doit frayer avec bon nombre de gens qui ne sont pas forcément fiables, et les forces de police sont parfois encore plus corrompus que les hommes politiques. Comme tout bon détective, il va prendre des coups et se faire arrêter, mais continuera imperturbable pour révéler la vérité.
Hommage au roman noir classique, aux grands textes de Raymond Chandler ou de Dashiell Hammett, Honolulu noir est un feu d’artifice. Tout est respecté : femmes fatales, jeunes filles pures qui sont peut-être les pires traitresses, policiers brutaux et corrompus tandis que d’autres essaient de rétablir les choses, hommes politiques vénaux et qui profitent de toutes les parcelles possibles de leur pouvoir, tout le monde devenant suspect, pistes multiples qui montrent l’imbrication des notables pour conserver leurs pouvoirs et leur argent, coups fourrés et coups sur la tête. L’auteur manie l’humour et les comparaisons tarabiscotées dans l’esprit des maîtres, se permet des clins d’œil (tout le monde lui demande s’il connait Magnum !) et finit de manière magistrale. Une excellente idée des éditions Au vent des îles de nous présenter un auteur et un texte qui nous réconcilient avec le grand roman noir classique.
