Lady Hutton est bien embêtée car sa fille Angela a invité une amie à passer le week-end au Prieuré de Windlebury. Seulement, d’autres invitations ont été lancées, et il ne reste que la chambre des Abbott, avec son escalier escamoté et son aura de pièce maudite, pour accueillir miss Peggy Dunham. La jeune femme n’est à vrai dire pas spécialement une amie. Une connaissance croisée lors d’une party qui s’est fait inviter. Lors du dîner, la tante Frederica parlent de ses bijoux devant toute l’assemblée. Le lendemain, une parure de boucles d’oreille a disparu, Peggy Dunham s’est envolée, laissant derrière elle une odeur de violette. pour l’inspecteur Orson, la coupable est toute trouvée. Seulement, on la découvre bientôt noyée dans l’étang de Horper avec les bijoux. Une bande de cambrioleurs sévit depuis quelques semaines dans la région. À coup sûr Peggy Dunham en faisait partie, et ses complices l’ont où abandonnée ou tuée. Seulement, on retrouve son chapeau dans une direction contraire au vent. C’est alors que l’enquête est reprise par l’inspecteur Geoffrey Boscobell. Et puis le légiste intervient : les viscères montrent une utilisation de chloroforme camphré. L’iode des poumons ne correspond pas à celui de l’étang. La victime a été tuée quelque part, déplacée ensuite. Pour Boscobell, les apparences sont trompeuses. Qui était vraiment Peggy Dunham et pourquoi a-t-on simulé un cambriolage avant de la tuer ? L’assassin est parmi les résidents du Prieuré…
Troisième aventure de l’inspecteur Boscobell, La Chambre noire est un whodunit britannique classique avec une imposante résidence dans la campagne anglaise dans laquelle un meurtre est commis après une jolie planification. L’inspecteur de Cecil M. Wills est un modèle du genre : sérieux, pugnace, efficace et sans effets de manche. Il est capable de courber l’échine tout en gardant son cap. Il se pose les bonnes questions et a un instinct de flic. On notera sa relation avec le légiste, l’une des premières du genre, assise sur un côté sarcastique. Si Boscobell est un bon enquêteur, le crime en lui-même est un brin audacieux et totalement improbable ancrant le roman dans une pure fiction. Il fallait bien ça pour amener une affaire presque de chantage au drame. Cecil M. Wills par le biais de son enquêteur change quelque peu la perspective du crime. Retourne quelques éléments. Introduit des rebondissements intéressants (comme une tentative de cambriolage du laboratoire du légiste : on comprend que la preuve scientifique devient terriblement élément à charge). Le tout dans un récit enlevé avec un style agréablement désuet mais présent qui donne envie de retrouver ce personnage (ce sera la cas dans Le Meurtre du chamois, cinquième aventure de l’inspecteur, publiée… deux ans plus tôt dans la même collection sous le numéro 219).