CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 19,90 €
INFORMATIONS LIVRE
Édité chez
ISBN : 978-2-35178-342-9
Nombre de pages : 272
Format : 21 X 15 CM
Année de parution : 2022
Titre original : L'Angelo Custode
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8 / 10

L’Ange gardien

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Leo Giorda nous emmène à Rome en compagnie de son détective camé Woodstock, le bien nommé, pour une enquête qui tourne autour de la disparition d'enfants dans les orphelinats tenus par l'Église. Des personnages bien campés, un style très sensoriel pour une intrigue classique mais bien menée. Une belle entrée en matière pour s'attacher les services de ce détective privé séduisant qui sort de l'ordinaire.

À Rome, le corps décapité de Sebastiano, onze ans, est retrouvé dans les poubelles de l’immeuble où vit Claudio Gatto. Seul bémol pour cet ancien pianiste virtuose : il traîne un pedigree de pédophile depuis qu’une mère l’a accusé d’attouchement sur son fils. Et ça, le vice-questeur Giacomo Chiesa n’aime pas. Seulement Gatto a un alibi : il joue les soirs au bar Lounge’54. Mais il sent bien que Chiesa ne va pas le lâcher. Qu’il est coupable aux yeux de la police. Alors qu’il est avec Poda, son dealer, ce dernier lui propose de louer les services de Woodstock, le détective camé. Acculé, n’ayant plus rien à perdre, Gatto se résout à rencontrer le détective. Woodstock a des flashs lorsqu’il fume du haschisch. Woodstock monnaie ses services contre de l’herbe. Mais Woodstock a un vrai talent. Un Sherlock Holmes underground qui va se retrouver impliqué dans une sombre histoire de disparitions, de dépravation (?) qui gravite autour d’orphelinats de la ville tenus par les Sœurs carmélites. Se joue alors une double-enquête (police vs. détective) inégale. Car la police a ses entrées au Vatican en la personne du cardinal Sabatini, car il faut user de diplomatie. Mais Woodstock a un atout majeur : il connait la rue, il a ses indics (comme le sans abri Truffaut et son chien Godard, et la rue a toujours un coup d’avance sur la police. Alors que les pièces du puzzle s’assemblent, que Woodstock comprend que le tueur a un lien avec lui, il va lui falloir plonger dans les entrailles de la ville pour mettre un terme à cette folie meurtrière.

La tonalité est plantée dès le premier chapitre avec un deus ex machina stylistique qui fait que l’on comprend que l’on se projette dans une bonne intrigue. La suite tient à la fois d’un roman policier classique urbain et d’une originalité de traitement des personnages par Leo Giorda. Côté classicisme on retrouve l’immersion dans une ville séculaire avec sa faune, ses plats, ses humeurs, ses mamma italiennes (tout a déjà été bien fait depuis Milan et Giorgio Scerbanenco, mais Leo Giorda sans réinventer se met à la hauteur de ses prédécesseurs). Depuis des chapitres en italique intercalés à l’intrigue contemporaine on sait que les motivations du tueur sont à chercher dans un passé récent, dans un camp de vacances en 1998. Mais on ne sait pas encore ce qui s’est réellement passé et en quoi ça a une incidence sur le présent. Alors Woodstock traverse la ville chevauchant son Scarabeo, un scooter qu’il gare n’importe où. Son côté camé est mineur dans le roman. Ce qui est intéressant, c’est le lien qu’il crée peu à peu avec Chiesa et cette estime réciproque qui nait (un policier et un détective qui font cause commune, c’est rare en littérature). Car les deux hommes ne sont pas si différents que ça et chacun ébranle l’autre dans ses certitudes. On notera que sentimentalement, ils ont d’ailleurs des trajectoires opposées : Chiesa voit son couple exploser en vol, tandis que Woodstock voit le retour d’une amie avec qui il va vivre une histoire. Mais alors que l’on  suit l’enquête romaine, Chiesa va nous embarquer au Vatican à la rencontre d’un personnage fort, le cardinal Sabatini, véritable Premier ministre de l’État pontifical, qui détient les clés de cette histoire sans en savoir les tenants et les aboutissants. Leo Giorda, lui, nous emmène tranquillement jusqu’à la résolution de cette première enquête de son détective camé, parsemant les pages de références cinématographiques (mais pas de Cinecittà) qui agissent comme des gimmicks. C’est bien amené, et nous laisse un brin nostalgique.

Publié le 7 juillet 2025
Mis à jour le 7 juillet 2025
Il avait sué, travaillé et peiné plus que tous les autres, et il lui semblait juste que le Seigneur, dans son infini bonté, le récompense. Inutile de préciser que des êtres comme Gatto le dégoûtaient profondément. Voilà ce qu’ils étaient : des ordures, des marginaux, des gens qui ne savaient pas ce qu’étaient l’honneur et le dévouement.
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