Santon est mort. Depuis, Rocco et Lazar, ses deux ex-coéquipiers, deux flics corrompus, tournent un peu en rond, au sein de leur brigade. Il faut dire qu’ils ont des manières bien à eux pour régler les problèmes et qu’ils se sont liés aux forces criminelles de la cité. Au bout d’un moment, il est difficile de voir qui commande qui, qui est le supérieur de l’autre, qui est véritablement le maître du jeu. Rocco pense qu’avec sa carrure, son bagout et sa force brute il peut en imposer mais les chefs de la cité en sont-ils aussi convaincus que lui ? Mais à présent, la donne pourrait changer. C’est tout d’abord une nouvelle recrue qui intègre leur duo. Une jeune femme qui les regarde à la fois avec anxiété mais aussi envie. C’est aussi une autre femme qui vient d’arriver dans le coin, envoyée par l’IGPN ,et qui veut les faire tomber car elle se doute bien qu’ils ne sont pas francs du collier. Leur chef sait qu’ils ont de bons résultats, mais il se doute bien que ce n’est pas dû à la qualité de leurs enquêtes. Rocco pourraient faire profil bas et attendre que les choses se tassent, mais alors qu’ils perquisitionnent avec rudesse un squat, ils tombent sur un mort. Surprise : à côté du mort un petit sac et une belle pile de billets qui ne doivent pas avoir grand-chose de légal. Ils planquent l’argent puis appellent les autres policiers. Mais lorsqu’ils reviennent pour chercher l’argent, ils sont pris dans un échange de coups de feu et leurs collègues reviennent. Tout le monde est surpris de leur présence. Sur qui ont-ils tiré ? La police des polices se rapproche et les gangs locaux n’ont plus une grande confiance en eux.
Jérémy Bouquin commence à avoir une œuvre conséquente, et pourtant il sait se renouveler et conserver intact sa rage et son mordant. Ici, nous allons suivre de l’intérieur deux flics ripoux dépassés par les événements (sans parler d’un retournement final intéressant) et qui peu à peu se démènent de plus en plus comme des poissons pris dans un filet. Malgré leur côté désagréable, on en vient en entrer en sympathie avec eux, à espérer qu’ils vont gruger la policière chargée de les coincer et, pourtant, ils continuent leurs magouilles en même temps qu’ils creusent leur tombe. Le tout donne un récit nerveux, rythmé, rendant avec justesse la pression, le glauque et l’atmosphère de corruption. Lazar est un livre fort, vivant et prenant.