CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 17.6
INFORMATIONS LIVRE
Édité chez
ISBN : 978-2-7021-4350-6
Nombre de pages : 368
Format : 14x21cm
Année de parution : 1992
Titre original : The Black Echo
Crédits
Auteur(s) :
Traducteur(s) :

Préfacier: Michael Connelly

Contexte
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8 / 10

Les Égouts de Los Angeles

Genèse d'un héros

Aujourd'hui, avec les réseaux sociaux consacrés à nos anciens copains, on peut retrouver de vieilles connaissances. Si, un jour, on décide de donner rendez-vous à un vieux camarade (ou un amour de jeunesse) devant une bière, au dernier moment on se reprend et on se demande si la réalité sera à la hauteur de nos souvenirs. C'est un peu la même impression qui étreint le lecteur en ouvrant ces Égouts de Los Angeles, un roman de Michael Connelly dévoré il y a vingt ans.

Ce qui apparaît tout d'abord, c'est le côté éminemment classique du texte. Harry Bosch est un policier un peu en marge de ses autres congénères, ayant la brigade des affaires internes sur le dos, voulant régler les problèmes tout seul en respectant sa vision du code de l'honneur. Là-dessus, on rajoute une femme dont il tombe amoureux, et un vieil ami qu'il retrouve sous forme de cadavre. Mort d'overdose veut conclure la police mais Harry Bosch, lui, a découvert des indices étranges.

Bien entendu, l'enquête est un prétexte à la présentation de Hieronymus « Harry » Bosch, de ses phobies, de son passé, de manière impeccable et implacable. Un personnage ambivalent comme sans doute son modèle l'inspecteur Harry (ce n'est sans doute pas un hasard non plus si Clint Eastwood a adapté en 2002 Créance de sang, un roman de Michael Connelly). L'exemple le plus frappant concernant cette ambivalence se situe lors de l'arrestation d'un tueur en série. Harry Bosch l'a abattu, croyant que ce dernier sortait une arme de dessous son oreiller alors qu'il voulait juste remettre une perruque. Mais le policier savait-il que c'était un postiche et non une arme qui se cachait sous cet oreiller ?

C'est là que l'on distingue l'une des qualités stylistiques essentielle de Michael Connelly : il est capable de dresser, tout en glissant les indices qui peuvent permettre au lecteur de comprendre l'énigme, en quelques lignes, un décor, un personnage ou une situation. Dans une préface inédite (le seul vrai intérêt mais qui aurait aussi pu trouver sa place dans une réédition au format poche), Michael Connelly évoque les origines de Harry et les essais ratés avant ce roman. Les Égouts de Los Angeles montre également combien un romancier peaufine son œuvre avant de l'offrir à ses lecteurs, et comment cette série, conçue sans doute par hommage à d'autres grands auteurs américains, s'est logiquement imposée comme un nouveau classique.

Et l'on se dit que finalement, en entrant dans le café où nous avions rendez-vous, nous reconnaissons immédiatement ce vieux camarade (ou, donc, cet amour de jeunesse). Le temps a eu quelques prises, mais cela ne donne que de la bonne patine, et des bouffées de cette jeunesse enfouie nous reviennent. Il est parfois bon de renouer avec des souvenirs de vingt ans.

Article initialement paru le 2 novembre 2012
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
Et tu avais peur. Ton souffle résonnait suffisamment fort dans l'obscurité pour te trahir. Du moins, tu le croyais. Je ne sais pas. C'est difficile à expliquer. C'est juste… l'écho noir.
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