Mako, c'est une bande dessinée tout en rythme qui nous plonge dans le monde retors de l'espionnage, du contre-espionnage, de l'espionnage à double voire à triple faces où les coups fourrés sont monnaie courante, et la trahison de la petite monnaie. C'est aussi le nom de code de Romain (il sera d'ailleurs fait allusion tout au long de ces 48 pages à l'Empire romain, que ce soit par le biais d'ouvrages lus par les personnages – La Guerre des Gaules, de Jules César et surtout Pensée pour moi-même, de Marc Aurèle cité d'ailleurs en quatrième de couverture -, et de lieux comme les Grottes d'Hamilcar), ex-agent de la DGSE qui se retrouve incarcéré pour cinq ans après une opération qui a pour lui très mal tourné car trahi par son coéquipier. Inutile de dire que pendant ces années de prison il n'a qu'une seule idée en tête : se venger. Et que cela passe par retrouver son coéquipier de naguère et aussi le commanditaire. Dans son périple, contacté par la sœur de son codétenu, il s'embarque dans un casse censé ramener cinq cent mille euros, et plonge au milieu de ce qu'il se fait de pire en matière d'espions internationaux, et se confronte par la même occasion à Fia, cette femme commanditaire dont il souhaite ardemment se venger. Mais il va se retrouver avec une valise au contenu inconnu, et une cohorte de tueurs à ses trousses.
Dans cette très bonne bande dessinée, quarante-huit pages impliquent évidemment des raccourcis. Alors Lionel Marty et Boris Beuzelin forcent le hasard et parsèment le parcours de Mako d'heureuses rencontres. Mais on en a cure. Ce qui compte c'est l'efficacité alliée au presque raisonnable. Et c'est un réel plaisir que de voir Boris Beuzelin traiter une lutte à mort entre quatre agents internationaux sous l'eau (rappelez-vous les scènes interminables de James Bond) en seulement quelques cases. S'il use d'un trait hyper-réaliste, Boris Beuzelin se permet des écarts graphiques qui se fondent parfaitement comme des contre-plongées sur des visages ahuris (parfaitement mis en couleurs par lui-même et Céline Besonneau – avec de jolis à-plats rouge, vert-bleu et ocre) ou encore un casse résumé à des cases signalétiques. Évidemment, il y a du sang, des coups (fourrés), de l'intox, de la vengeance, des retournements qui en engendrent d'autres et, surtout, une fin ouverte sur d'autres horizons…