De nouveau, la Martinique est sous les feux de l’actualité : la vie chère a créé dans les populations (pauvres) une volonté de manifester et de manière violente. Durant les échauffourées qui suivent une manifestation, une jeune fille de bonne famille, de la communauté blanche de l’île, disparait. Qu’est-ce que cette disparition cache réellement : un enlèvement politique, une volonté criminelle ou sexuelle, une fugue ? L’histoire prend un peu d’ampleur. En Métropole, Gabriella se dit que cette disparition pourrait être aussi l’occasion de faire une série de reportages pour présenter l’île et ses différentes facettes. À peine a-t-elle commencé à se poser des questions que Le Poulpe, son « père spirituel », décide de l’accompagner sur l’île où il a déjà séjourné : il pourra lui présenter des gens, et faire avancer l’enquête. De plus il est en fonds en ce moment et peut dépenser pour le voyage ! Gabriella ne va pas tarder à découvrir une situation explosive : la pauvreté est forte, les communautés sont sur la même île mais s’ignorent, et tout rapprochement avec l’autre bord est fortement déconseillé, voire réprimé par les familles. Avant la jeune fille qui ne donne plus signe de vie, une autre, sa meilleure amie,, avait également disparu. Pour Gabriella, les deux affaires sont liées mais elle a fort à faire avec des gens qui ne veulent pas se parler, des groupes qui se haïssent et des rivalités dans les écoles. De plus, les jeunes filles ne sont pas aussi innocentes que cela et les pères peu doués pour la fidélité. Sans parler du Poulpe qui entre l’alcool et les femmes, vit une vie bien aventureuse.
Martinique Dry est un roman qui s’installe dans la série avec de nouveau une écrivaine – Magali Collet – dont ce sont les premiers (presque) pas. Ici, le roman met à l’honneur les femmes qui essaient de vivre ou survivre dans un monde organisé pour les hommes, des hommes parfois lâches, parfois ridicules (et l’auteure se permet deux trois privautés amusantes avec le Poulpe qui en perd, entre autres, de sa superbe). Entre des saynètes vivantes, des descriptions aiguisées de la situation locale, l’intrigue policière surnage, se perd un peu mais c’est sans gravité, car elle revient de temps à autre, au fil des discussions, des moments intenses, pour créer une sorte d’armature lâche à un récit dans la lignée des « Poulpe » : le constat d’une situation politique, d’un mal être, d’une difficulté qui s’apparente au roman noir. Une belle évocation de la Martinique !
