Le passage au nouveau millénaire est source d’affrontements idéologiques entre les différentes Maisons politiques de la France. Enfin, pas que politique, puisque chacune y va de ses affrontements physiques en bandes organisées. Dans ce contexte, la milice Makhno, qui suit les préceptes d’Adonis Klakos, entend bien avoir le dernier mot. En ordre de bataille, elle se dirige vers l’une des deux plus importantes Maisons, la Maison bleue. Alors on y vient à pied, et on frappe. C’est le plan. La petite bande est animée par Artus, Pola et Raymond alias Le Camion de Voirie. En chemin, ils croisent Dominique, quatorze ans, qui a fugué avec la Mercedes des parents et braqué une supérette. Le soir, c’est joutes verbales. Quelque part, la Synergie Urubu-Spinoziste s’est elle aussi mise en branle. Pendant ce temps, les Maisons s’entredéchirent, s’unissent pour mieux se trahir. Ici et là, des hommes sur le carreau, avec un pedigree sommaire. Au sommet de l’État, on crie au retour à l’ordre mais on se réjouit. Les Maisons font elles-mêmes le sale boulot. Mais jusqu’où ?
Publié originellement en 2004, Nycthémère n’a pas pris une ride. Malheureusement, aurait-on envie de dire. Suite logique à Spinoza encule Hegel (1983) et à À sec (1998), le roman tient à la fois du pamphlet, de la fable et de la farce. Au départ, la découverte de ce nom commun, « Nycthémère » : une période de vingt-quatre heures propice à tous les jeux de mots foireux et à toutes les immersions de personnages croisés par Jean-Bernard Pouy dans sa vie. Avec une écriture au staccato endiablé, l’auteur avance ses pions au milieu du marasme politique. Il dézingue à tout-va. N’exclue personnes. Remet dos-à-dos toutes les forces apolitiques (avec son discours araisonné, le fameux Adonis Klakos ouvre également cette porte). Vingt ans après, le constat est terrible. Rien n’a changé. Hormis peut-être le militantisme actif. L’anarchie ne vaincra pas. La faute sans doute aux sciatiques redondantes.