Rek, un homme vieillissant mais qui a encore foi, espère des jours meilleurs pour l’humanité. C’est alors que quelqu’un lui donne rendez-vous dans un coin de Paris. L’endroit lui rappelle bien quelque chose mais c’est loin et fugitif. Au moment où il arrive sur les lieux, que quelqu’un derrière lui l’interpelle d’un « Hombre » qu’il se souvient. C’est là que Goldman (le demi-frère de l’autre, dont la vie a récemment été évoquée dans un film) a été tué il y a quelques décennies. Et c’est là aussi que Rek trouve la mort.
Gabriel Lecouvreur fait le lien entre cette mort récente et le décès plus ancien de l’autre militant. Il en parle à sa « fille » Gabriella qui décide d’enquêter pour en savoir plus et déceler qui se cache derrière cet assassinat. Peu à peu, elle remonte la piste d’un groupe d’anciens gauchistes qui ont entrepris de continuer le combat antifasciste, des amis de Rek. Mais en essayant de les contacter ne risque-t-elle pas d’attirer sur eux l’attention de gens dangereux, prêts à les liquider ? Et pourquoi ? Par antipathie ou parce qu’ils pourraient révéler des secrets que certains veulent voir disparaitre en même temps que leurs derniers possesseurs ?
Michel Moatti a une œuvre discrète mais intéressante, proche des histoires policières (notamment une plongée dans l’univers des Mormons ou dernièrement un travail sur Darwin et son voyage, et les secrets qui en découlent). Ici, il se glisse dans une série avec soin et innocence. Il en profite pour évoquer une part de l’histoire française (et européenne), celle de gens qui ont voulu créer un monde plus fraternel, plus solidaire, y compris en liquidant des opposants. Cet arrière-plan présenté par quelqu’un qui en connait les arcanes et a étudié son dossier est reconstruit avec soin. En s’appuyant sur Gabriella, qui se fait manipuler, et sur la présence du Poulpe qui est bien fatigué mais a toujours les neurones et la volonté intacte, il écrit une intrigue intelligente, dans la lignée des meilleurs « Poulpe », pour raconter un pan méconnu de l’histoire et nous présenter des personnages attachants, dans un monde qui perd ses repères où, comme le disait Jean-François Vilar, nous sommes entourés de fantômes aux fronts trouvés. Un très bon épisode qui ne démérite en rien.