Lorsqu'on s'appelle Vanzetti et qu'on travaille dans une usine d'armements nommée SARKOPHAGE, il est certain qu'on ne va pas se laisser délocaliser à l'autre bout du monde. Or en pleine occupation d'usine, Vanzetti est accusé du meurtre d'un vigile. Pour se disculper, il va faire appel à son ami de toujours, un certain Gabriel Lecouvreur, qui a le don pour fourrer son nez dans les sales affaires de la république PMU (Parti Minable Unifié)…
Après une série de grands crus (les Jean-Bernard Pouy, Jean-Marc Ligny et Jérôme Leroy, tous excellents), il est désormais évident qu'il était prématuré d'enterrer notre octopode préféré… lire un « Poulpe », c'est un peu comme entrer dans son bistrot de quartier : on sait ce qu'on va y trouver, mais l'expérience est toujours différente. Là, sous ce titre gouleyant, Sergueï Dounovetz retrouve la veine sociale exploitée également par son créateur Jean-Bernard Pouy pour Cinq bières, deux rhums en s'attaquant à des maux malheureusement trop actuels… sauf que ce roman qui fleure bon le sauciflard et le coup de rouge trace un trait sur tout ce qui pourrait ressembler à du misérabilisme, y préférant un humour gouailleur d'authentique titi parisien, et des personnages hauts en couleurs. Le tout se clôturant sur une scène d'anthologie où un certain avion de chasse anti-franquiste prend enfin son envol (ou pas). Encore une réussite pour cette collection désormais aux mains de Stéfanie Delestré. En cette période de sinistrose, on a plus que jamais besoin d'un vrai héros populaire (au sens noble) comme le Poulpe…