CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 5.6
INFORMATIONS LIVRE
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Numéro collection : 17
ISBN : 978-2-7024-3654-7
Nombre de pages : 288
Format : 11x18cm
Année de parution : 1935
Titre original : Death in the Clouds
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8 / 10

La Mort dans les nuages

Meurtre exotique

Faire injure au bon sens. Tout un programme pour Agatha Christie et son petit rondouillard de détective belge Hercule Poirot. Et le bon sens dans La Mort dans les nuages frise la vulgarité. Ne parlons pas de la résolution de l'énigme qui ne manquera pas de ne pas satisfaire le lecteur. Mais l'intérêt de ce roman, nouvelle aventure de l'homme aux petites cellules grises est ailleurs. Déjà dans cette mise en abyme de la romancière, qui n'hésite pas à mettre en scène un auteur de romans policiers – certes masculin -, et deux archéologues – elle en a épousé un en seconde noce. Ensuite, elle pousse l'étude des conséquences d'un assassinat assez loin pour que cela paraisse intéressant. En effet, selon les témoins du meurtre (qui sont autant de coupables potentiels) et surtout les métiers qu'ils exercent, le public sera plus ou moins charitable. Ainsi, un dentiste verra son cabinet déserté, alors qu'une coiffeuse au contraire attirera une plus grande clientèle. Il en est ainsi qu'il est plus excitant de se faire masser les cheveux avec une histoire sordide, que de se faire triturer les dents à la roulette en s'imaginant être entre les mains d'un meurtrier. Enfin, elle dépeint une société anglaise réactionnaire, très repliée sur elle-même, et xénophobe (qui en plus confond un Belge avec un Français).

L'intrigue est donc une injure au bon sens. Le crime commis sur Madame Giselle est perpétré en plein vol. Nous sommes donc en présence d'un véritable meurtre en chambre close. Les passagers de l'avion ainsi que les deux stewards sont tous suspects. Tout au long de l'enquête, nous découvrirons qu'ils ont tous des liens avec la victime (ou qu'ils ont de solides raisons d'en avoir). La question essentielle est : à qui profite le crime ? Or, Madame Giselle a eu une fille, qu'elle a abandonné à un orphelinat québecois il y a plus de vingt ans. Cette fille s'est mariée, et est même, oh ! la dure loi des heureuses probabilités, en Europe actuellement. Madame Giselle, usurière à plein-temps, est surtout maitre-chanteuse à ses heures perdues. Tous les passagers ont quelque secret bien enfoui qui ne doit surtout pas remonter à la surface. Tous ont un besoin évident d'argent. Et Madame Giselle, en bonne prêteuse est très riche.

On ne répétera jamais assez aux meurtriers en puissance : si vous avez Hercule Poirot dans les parages, alors abstenez-vous. D'autant que le détective est aisément reconnaissable. Mais pour l'heure, il est plutôt décontenancé par le modus operandi car Madame Giselle a été assassinée à l'aide d'une sarbacane de chasse jivaros achetée auprès d'un antiquaire égyptien par un Américain de passage à Paris. Encore plus extraordinaire, le poison virulent est celui d'un reptile d'Afrique du Sud. Et, cette sarbacane a été retrouvée sous le siège d'Hercule Poirot ! Vous en voulez encore plus ? Heureusement pour Hercule Poirot, son ami l'inspecteur Japp de Scotland Yard arrive sur les lieux du crime. S'il ne comprend pas très bien le déroulement des opérations, il est tout prêt à accepter les raisons psychologiques. Et les excentricité de Poirot, il les connait et les accepte. Le roman déroule son petit whodunit avec, répétons-le, une résolution peu convaincante, mais qu'importe, le plaisir est toujours là ! Le tout dans une traduction entièrement révisée…

Article initialement paru le 6 août 2012
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
Drôle d'histoire. Trop extraordinaire pour être vraie. Des sarbacanes et des fléchettes empoisonnées dans un avion ! C'est faire injure au bon sens.
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