Nicolas le Floch est devenu, au cours de la dernière décennie, l'un des enquêteurs incontournables du polar historique. Sous la plume de Jean-François Parot, il mène ses investigations dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, sous les règnes de Louis XV et Louis XVI. Avec L'Année du volcan, l'auteur place sa onzième intrigue dans l'année 1783.
Nicolas le Floch, par ailleurs marquis de Ranreuil, est mandé de toute urgence par Sa Majesté, la reine Marie-Antoinette au Trianon de Versailles. Elle veut qu'il enquête, dans la plus grande discrétion, sans en parler au roi, sur la mort du vicomte de Trabard, tué, au cours de la nuit, à coups de sabots dans le box de son cheval préféré. Elle souhaite, également, en savoir plus sur le fameux automate qui se mesure victorieusement aux meilleurs joueurs d'échecs.
Sur place, Nicolas trouve un cheval encore terrorisé que le secrétaire du défunt lui présente comme une bête vicieuse, impossible à domestiquer. Il apprend vite qu'un mystérieux individu, dans une voiture ornée d'un blason, est passé dans la nuit. Peu à peu, les investigations qu'il mène avec Bourdeau révèlent que la chambre du vicomte a été visitée, que son épouse rejoint nuitamment le maître-palefrenier, que la mangeoire du cheval est truquée. Dans la cachette, Nicolas récupère un fragment de document et une pièce espagnole.
La police de Le Noir intercepte une liasse de pamphlets qui mettent en cause de hautes personnalités de la Cour, leurs liens, les filiations. Un morceau manque à une feuille, morceau qui correspond à celui retrouvé dans le box funeste. De plus, Nicolas est cité. Si ce document était divulgué, la vie de Marie-Antoinette serait en danger et le futur de Louis, son fils, fortement compromis.
Dehors, l'atmosphère de ce mois de juillet est si chargée en fumées, que celles-ci voilent le soleil.
Pour ne pas déroger à sa règle, l'auteur entoure sa foisonnante intrigue d'une foultitude de détails, d'informations sur la vie quotidienne des milieux que fréquente son héros. Comme ses investigations l'amènent à évoluer dans de nombreuses classes sociales, chaque opus est l'occasion de découvrir de nouveaux aspects de cette période. Jean-François Parot fait preuve d'une connaissance impressionnante de l'époque, évoquant des faits divers, les modes, le fonctionnement de la société, les chevaux, l'histoire de Paris… L'introduction de ces éléments ne freine en rien une intrigue où l'auteur multiplie à l'envi les rebondissements.
Outre les personnages qui constituent l'entourage immédiat du héros, l'auteur introduit des individus authentiques tels que Cagliostro, la comtesse de la Motte-Valois… Cette dernière deviendra célèbre avec l'affaire du collier de la reine.
Pour son intrigue, à la construction particulièrement soignée, il prend en compte, avec pertinence, les moyens de l'époque, que ce soit dans les méthodes d'investigation, de recherches des preuves ou pour la surveillance des suspects. Le récit, qui se base sur la mort apparemment accidentelle d'un homme, débouche sur une multitude de pistes, parmi lesquelles on peut citer la fabrication de fausse-monnaie, la spéculation immobilière d'ordres religieux… Le romancier montre, comment la société de cette époque est gangrenée par la corruption, l'émergence du climat social qui débouchera sur la Révolution de 1789.
En prenant connaissance de la position des castes, des opinions de la noblesse, le lecteur est amené, naturellement, à faire un parallèle entre la société de 1780 et la nôtre, tant dans la puissance aristocratique et financière, dans l'aveuglement des gouvernants, leur mépris pour ceux qui ne sont pas de leur condition, que dans le gaspillage éhonté des richesses.
Jean-François Parot retient, pour raconter son histoire un style proche de celui de l'époque tant dans le vocabulaire, les tournures de phrases, les expressions et la consistance des échanges. Il fait, également, une place de choix à la bonne chère et agrémente son récit de recettes culinaires. Il apporte une explication rationnelle sur l'automate joueur d'échecs et introduit les effets climatiques de l'éruption du Laki au sud de l'Islande sur la France.
Avec L'Année du volcan, Jean-François Parot se fait guide pour un voyage érudit dans l'année 1783 et nous régale d'une nouvelle enquête remarquable de son empathique héros.