CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 15
INFORMATIONS LIVRE
Édité chez
ISBN : 978-2-9582352-0-8
Nombre de pages : 216
Format : 11x18cm
Année de parution : 1942
Crédits
Auteur(s) :

Préfacier: Pierre Allorant

Contexte
Pays : ,
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8 / 10

La Bague sans doigt

Auteur :

Faux airs et faussaire

Les éditions Le Mail aiment les écrits de politiques. Qui plus est engagés. Il était donc normal de voir réédité l'unique roman policier de Jean Zay, l'ancien ministre de l'Éducation nationale au moment du Front populaire, écrit lors de sa captivité à Vichy en 1942. Publié originellement aux éditions Sequana (sises à Paris et… Vichy !) dans la collection poche « La Chauve-souris » sous le pseudonyme de Paul Duparc, le roman retrace la course effrénée d'un homme pour prouver son innocence à la femme qu'il aime comme une allégorie de ce que ressent l'auteur pour la France, auteur qui sera par la suite fusillé.

Tout débute aux environs de Blois dans l'Auberge de la Du Barry (édifiée à la fin du XVIIe siècle) tenue par Anselme Barriquet. Un client lui demande s'il peut passer la nuit dans la propre chambre du tenancier. Après quelques hésitations et un peu d'énervement, l'aubergiste accepte sans savoir que cette acceptation ne va pas être sans conséquence sur sa vie, et va surtout avoir de drôles de répercussions sur celle d'autres personnes. La nuit, un cambrioleur manque le tuer. Puis un peu plus tard, à Blois, on retrouve dans son bureau M. Dumas, père, sans vie, l'auriculaire de sa main gauche sectionné. Or, il y avait à ce doigt une bague féminine sans valeur mais qui lui plaisait. Et ce moins de vingt-quatre heures après la démission et la disparition du comptable de l'entreprise de restauration de bâtiment, un certain Robert Guinard, amoureux transi de Geneviève, fille de M. et Mme Dumas. Ce même Robert Guinard n'étant en poste que depuis peu de temps, il suscite l'intérêt du policier Victorin Simard, qui n'aura de cesse de le poursuivre alors que Geneviève, en jeune femme indépendante mais amoureuse, partira sur Paris retrouver Robert pour lui demander des comptes et l'assister dans une mystérieuse mission qui l'amènera même sur les rives de l'Égypte à la poursuite du grand Fred malgré (ou grâce à) Joseph Pernet, le « superflic » parisien.

Ce roman désuet est un agréable mélange d'Histoire, d'aventure et d'enquête policière avec un couple d'enquêteurs amateurs qui se doivent de damer le pion à la police tout en faisant face à un danger à répétition. N'hésitant pas à accumuler les poncifs du genre (une boutique d'antiquaire avec des caches, une traversée de la Méditerranée sur un bateau de croisière avec des complots, des héros qui se déguisent, se cachent dans des armoires, et n'arrivent que très peu à tromper l'ennemi, une femme vénale, des loufiats de l'époque particulièrement torves, un sosie mystérieux, un trésor quasiment ésotérique, une romance magnifique et une fin digne d'un grand roman d'aventure), Jean Zay propose un roman d'énigme où toutes les pièces du puzzle apparaissent à la fin selon le bon vouloir de son détective amateur, qui n'aura pas hésité tout du long à cacher des éléments et ses motivations tout en demandant à Geneviève une confiance sans faille. Le tout sur près de deux cents pages rythmées pour un récit qui se lit plaisamment.

Article initialement paru le 26 juillet 2022
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
Et ce que l'on ne pouvait pas ne pas voir tout de suite, ce qui attirait la vue, ce qui la fixait comme une hallucination dans ce spectacle d'horreur, c'était l'auriculaire de cette main gauche tranché à sa base, arraché plutôt, semblait-il, tant une bouillie de sang et de chair, qui avait teint de rouge toute la main, en signalait la barbare, l'incompréhensible, l'effrayante amputation.
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