Une tueuse armée d'une seringue, deux égorgés porte de la Chapelle, un cerf éventré, des reliques, un fantôme, un lieutenant de police féru d'alexandrins au point de ne parler que dans la langue de Racine, une légiste couchée raide dingue dans le lit d'un flic, des vierges comme s'il en pleuvait et bien sûr l'amour, la haine et la vengeance au rendez-vous des cœurs… L'inventaire pourrait se poursuivre à l'infini : un tueur en quête d'immortalité y invite justement, qui regarde son avenir non sans fébrilité et laisse surgir un passé qui submerge tout le monde. Mais qu'importe l'inventaire, que Thierry Janssen restitue ici à foison, démultipliant les voix, différenciant jusqu'à la voix narrative de la voix auctoriale, s'amusant, cousant, ourdissant le texte pourrait-on dire, pourtant déjà passablement intrigant lui-même avec son Adamsberg trop occupé à devenir le père de son fils pour se faire flic, ou sa brigade barrée, submergée par la demi-douzaine de meurtres dont elle ne sait que faire. Un inventaire à la Perec en somme, démesuré, auquel nul ne peut adhérer, jouant du factice comme du seul lieu où écrire, raconter et dire, dans cette interprétation infiniment amusée de Thierry Janssen, drôle à souhait avec sa réussite parfaite des conversations de bar sans queue ni tête, épuisant à merveille tous les registres de la langue.
NdR – 2 CD MP3, 12 h 26 d'écoute.