Il est officier de police judiciaire, chef du groupe de nuit. Son quotidien est fait de cadavres encore tièdes dans des chambres d'hôtels anonymes, de froides conversations avec ses hommes, de rapports de constatations où les mots finissent par ne plus signifier grand-chose pour lui. Parce qu'il a lâché prise depuis longtemps, hanté par des fantômes qui viennent régulièrement lui rendre visite, sous la forme du corps ensanglanté d'une fillette dans sa bâche en plastique… Rien ne semble destiné à le faire sortir de cet état de déliquescence, et surtout pas le suicide de ce sénateur dans un hôtel quatre étoiles, affaire sur laquelle il est censé enquêter. En fait, l'officier de police judiciaire n'aime qu'une chose : la nuit… Mais ses supérieurs ont très envie de le ramener à la surface, histoire de lui faire redécouvrir le jour et les joies du commissariat de quartier…
Hugues Pagan a été flic avant d'écrire, et on peut lire sur la jaquette de cet album : « Son expérience du terrain lui permet d'être au plus près de la réalité et confère à chacune de ses créations une vraie densité. » Glauque réalité : les romans de Pagan sont tous d'une grande noirceur et ses personnages ignorent en général la signification d'expression comme – au hasard – prendre la vie par le bon côté des choses… Ce flic de nuit – qui restera anonyme jusqu'à la dernière page – n'échappe pas à la règle et c'est sa vie sinistre qu'il nous est donnée de suivre. Didier Daeninckx, qui a adapté le roman, en a bien entendu conservé le côté sombre, et Mako a su, lui, trouver les expressions qu'il fallait sur les visages de cet homme à la dérive. Et il le fait évoluer dans des décors à la mesure de son état d'esprit. Il ne faut pas se fier à la quatrième de couverture, qui semble promettre au lecteur un récit d'enquête classique sur fond d'affaire politique. Non. Dernière station avant l'autoroute est une vraie plongée dans le noir le plus épais, le plus poisseux, au cœur d'une âme en perdition. La couverture, elle ne ment pas.