Nous sommes aux alentours de Chambéry. La police vient d’y découvrir un troisième cadavre. Enfin, c’est une manière de parler car le criminel a découpé la tête de sa victime qu’il a maquillé et coiffé avec des clous d’une couronne de mariée avant de la jeter dans les eaux tourbillonnantes des ruisseaux. La peur commence à s’installer et les autorités veulent des résultats car la saison touristique pourrait être compromise. Mais comment faite quand il y a si peu d’indices ? Des policiers essaient de découvrir la vérité même si c’est compliqué pour l’un d’eux qui est proche d’une journaliste qui veut en savoir plus. Les choses se corsent lorsque la sœur de la journaliste, une sportive casse-cou qui pratique les sports extrêmes, disparait. Son frère, qui est aussi son coach , est très inquiet, même si sa sœur les a habitué à ce genre de disparation. Mais il ne peut s’empêcher d’avoir peur qu’elle ne soit la nouvelle victime du mystérieux tueur en série. Les enquêtes sont complexes car il faut chercher quelqu’un qui draguerait ces jeunes femmes et qui parfois serait violent – ce qui, dans ce coin alpestre, semble être une donnée de base de la vie masculine. Comme des informations filtrent, les supérieurs des policiers s’interrogent sur leur enquêteur et sa « copine », d’autant plus que celle-ci est parfois très agressive avec des suspects potentiels. Alors qu’une autre femme disparait également, la tension monte d’un cran.
Le récit d’Anouk Shutterberg est écrit de façon éminemment classique et son intrigue se construit sur l’alternance des personnages. Bien entendu, parmi les voix qui courent le long du texte, il y a celle du tueur qui raconte ses crimes et celle de la jeune sportive attachée, ce qui contribue à faire tomber « facilement » le suspense. S’appuyant sur un décor décrit avec soin – les Alpes autour de Chambéry, ses sports liés du ski jusqu’aux nouvelles pratiques plus dangereuses avec parapentes à ski ou acrobaties dans les couloirs d’avalanche -, et sur une série de personnages déjà bien cernés dans le roman noir – le policier, sa copine journaliste, elle aussi un peu casse-cou, le frère prêt à tout, y compris à des entorses avec la loi -, le roman se déroule, comme un roman dans la « moyenne » du genre, les scènes plus sanglantes racontées à travers les yeux du coupable. La solution crédible, même si elle est un peu tirée par les cheveux, apparait dans les ultimes pages avec un honnête lot de rebondissements présentés avec soin, pour rehausser l’intérêt quand il baisse. Un honnête ouvrage.