Le commissaire Pieter Van In œuvre au sein du corps de police brugeois. Il est réputé pour son attitude iconoclaste, l'emploi de méthodes peu orthodoxes et une forte antipathie pour la gendarmerie. Jusqu'alors, il a été confronté à des notables qui se pensaient inattaquables. Lorsqu'il se rend dans le quartier, ignoré des touristes, où a été repêché le corps d'une jeune femme, c'est à une autre forme de criminalité qu'il devra faire face. En furetant dans l'appartement de Katrien Andries, pour comprendre les raisons de sa mort, Pieter et Guido Versavel, son adjoint, découvrent des éléments qui font douter du suicide, mais une bibliothèque fournie en ouvrages sur le diable.
De retour au bureau, Van In est convoqué par son supérieur, le commissaire en chef De Kee, surnommé Kétounet. Celui-ci lui présente une ravissante jeune femme, journaliste de son état, qui suivra son équipe pendant une semaine. Une intrusion que le commissaire accepte très mal.
Un jeune drogué est arrêté alors qu'il sonnait à l'appartement de la morte. Peu à peu, les enquêteurs entrent dans l'univers de Katrien, découvrent qu'elle a quitté, il y a trois mois, une secte satanique, entraînant avec elle, le jeune drogué et son fiancé. Depuis, ils ont reçu des menaces. Mais, rien n'est simple pour le commissaire qui doit jongler entre sa vie personnelle avec Hannelore qui doit bientôt accoucher et son enquête où toutes les pistes s'entrelacent et se contredisent. Mais, à la tête d'une secte satanique, un certain Venex use de la drogue pour s'assurer des complicités sans failles. Parce que l'enquête le gêne, il met en place un piège imparable pour Van In et organise un attentat…
Pieter Aspe développe des enquêtes qui trouvent leurs racines dans le passé et se nourrissent de secrets bien gardés dans les demeures aux façades qui se veulent respectables. Pour le présent roman, il concocte une intrigue dense, presque machiavélique, quand les non-dits sont lourds de conséquences dans une ville où les gens se croisent ou se fréquentent pour des raisons sociales, professionnelles, amoureuses, religieuses, libidineuses… L'auteur confronte son héros à des situations ambiguës, tant dans sa vie personnelle que de policier. Il nous fait également partager les affres de l'ultime période prénatale de sa compagne. Celle-ci laisse Van In revenir aux plaisirs épicuriens. Il en profite alors pour ingurgiter des cafés arrosés, très arrosés, et des Duvel comme s'il en pleuvait. Mais, il lui « pourrit » la vie en le flanquant d'une ravissante journaliste qui lui réservera bien des surprises, et en le mettant en concurrence, sur le terrain, avec les gendarmes.
Pieter Aspe propose des personnages secondaires construits avec recherche et une connaissance approfondie de la nature et de la psychologie humaines. Il traque, ainsi, les défauts de notre société et se moque de ses travers.
On peut regretter la chute de l'histoire un tant soi peu abrupte. Mais, cette faiblesse est compensée par un final d'une grande intensité, d'une puissance remarquable, mettant en scène un « melting pot » de sentiments.
La lecture de La Quatrième forme de Satan permet de passer un excellent moment avec un commissaire si humain, attachant par ses capacités de déduction, son opiniâtreté, mais surtout par ses faiblesses tant gastronomiques que sentimentales.