Félix Grossmann est un journaliste, plutôt du genre à écrire pour la press people. Il doit d'ailleurs se rendre chez un paparazzi qui dispose d'un stock important de photos dans lesquelles il va puiser pour illustrer son article en cours. Mais quand il arrive pour ce qu'il croit n'être qu'une formalité, il se trouve coincé dans une aventure qui va déraper de Charybde en Scylla. Tout d'abord, l'ami en question est en train de se séparer de sa femme et est très énervé car cette dernière accueille déjà son amant chez eux. Il essaie de temporiser, mais Enguerrand, un autre ami, débarque. Celui-ci est encore plus mal barré et se promène avec son teckel, nommé Hindenburg (c'est vrai qu'un teckel a la forme d'un Zeppelin, en plus petit généralement). Enguerrand est pour l'instant à la rue et sans un sou. Il va s'incruster auprès de Félix et le suivre comme une ombre. Lorsque le chien provoque un accident de circulation, c'est Félix qui se trouve accusé d'en être responsable. Il veut se cacher mais son déguisement est si étrange qu'il est pris pour un dangereux terroriste. Et ce n'est que le début.
L'intrigue concoctée par Pierre Mikaïloff est fine (ce qui ne veut pas dire qu'elle est légère). À partir d'un élément simple, comme dans les meilleures courts-métrages burlesques des débuts, tout dérape, tout s'envenime, tout prend des proportions de plus en plus cauchemardesques (pour le personnage) et croquignolesques (pour le lecteur). Pierre Mikaïloff fonctionne avec un humour pince-sans-rire (on pensera en particulier à un policier qui passe en quelques minutes d'une promotion inattendue à une disgrâce totale), esquisse des personnages en quelques lignes (on notera par exemple une voisine délatrice décrite en quelques mots), en développe d'autres avec finesse et un sens du détail poussé dans ses retranchements (l'épouse qui hésite entre son mari et son amant, dans des virevoltes par petites touches drolatiques), pour créer un roman qui s'apparente au noir comme dans Noblesse oblige ou Un poisson nommé Wanda, par la grâce et la légèreté – on voit bien que l'auteur a écrit sur Gainsbourg, Darc, Birkin ou Bashung, de grands équilibristes entre nonchalance et profondeur, entre densité et autodérision. Une bouffée d'air pur dans un monde de brutes tout à fait bienvenue.