Dans une bijouterie prestigieuse de Bruges, la police municipale, par hasard, découvre un insolite cambriolage : la collection de bijoux en or a été dissoute dans de l'eau régale. Sur les lieux, une enveloppe avec : « Pour toi, crapule », contient un carré de cinq mots palindromes que la police identifiera comme le carré sator des Templiers. Bien que tenue par son fils, la bijouterie appartient à Ludovic Degroof, un personnage puissant dans la ville. L'élection du bourgmestre se prépare, chaque camp place ses pièces et affûte ses pièges. C'est Pieter Van In, le commissaire-adjoint qui est chargé de l'enquête. L'enlèvement du petit-fils Degroof, avec une demande de rançon inhabituelle, dramatise l'affaire. Entre son spleen, les enjeux politiques, son intérêt pour Mademoiselle Martens la substitut, la guerre des polices, Van In aura bien à faire !
Publié en 1995 en Belgique flamande, Le carré de la vengeance est la première enquête de Pieter Van In. L'auteur installe un antihéros superbe, plus proche du loser que de ces trop nombreux enquêteurs froids et lisses. Il est timide, peu disert, impertinent, plein d'humour et trompe un mal de vivre chronique, accentué par un divorce mal vécu, dans des flots de bière, dans le tabac et les nourritures riches. Pieter Aspe démontre une connaissance fine de la psychologie humaine à travers ses différents personnages. Cette vengeance, orchestrée de façon machiavélique, avec la collusion entre politique et service public, avec les lourds secrets familiaux, un zeste d'ésotérisme, débouche sur un final haletant, étonnant de tension et de révélations. L'intrigue, menée avec maîtrise, est d'une richesse peu commune. Outre quelques défauts mineurs, Le carré de la vengeance est un roman remarquable et un hymne à la beauté de Bruges.