La Seconde Guerre mondiale est une période de l'histoire qui tient à cœur à Frank Delaney. Des atrocités nazies commises à Oradour-sur-Glane à l'origine mystérieuse de la fortune d'un traqueur de criminels de guerre, les éléments distillés par l'auteur avec justesse et émotion nous entraînent dans les méandres de la noirceur humaine.
Nicholas Newman, c'est l'antihéros par excellence, incapable de prendre une décision en adéquation avec ses volontés. Architecte de renom, il mène une vie de métronome dont les seules préoccupations consistent à satisfaire les exigences de ses clients. Pourtant, le métronome va s'enrayer. Son ami et richissime client Anthony Safft ne se présente pas à leur rendez-vous. Il est retrouvé assassiné, un triangle découpé dans sa chair. Cet acte de mutilation était une spécialité des nazis durant la guerre pour marquer les homosexuels. Nommé co-exécuteur testamentaire avec Philippe, le neveu du défunt, Nicholas va attirer sur lui l'attention d'un groupuscule fasciste bien décidé à faire main basse sur la douteuse fortune d'Anthony Safft. Ses investigations vont l'amener à puiser au plus profond de lui et se découvrir des ressources insoupçonnées.
Deuxième volet des aventures de Nicholas Newman, Les Enfants de la peur poursuit l'approche du devoir de mémoire entamée dans Les Enfants de la nuit. C'est une histoire d'homme. Pas une histoire de mec viril tel qu'on en voit au cinéma, ni de ces héros de la première moitié du vingtième siècle prêts à sacrifier leur vie au profit de leur patrie. Non, c'est juste une histoire d'homme moderne, qui a remisé ses couilles au vestiaire de longues années durant, et qui, poussé dans ses derniers retranchements, fait resurgir à la fois son côté bestial ainsi que le souvenir du lieu où se situe le vestiaire. Frank Delaney, comme dans le premier opus, réussit à éveiller chez le lecteur des sentiments contradictoires vis à vis du héros. Et si ces sentiments nous semblent si forts, notamment ceux qui nous poussent à éprouver de la répulsion envers Nicholas, c'est sans doute parce que ses actes sont ceux que l'on aurait accomplis.