Dans l'esprit de Dortmunder, faire un casse n'est pas un travail, mais un loisir. Quand on lui propose de voler des voitures de collection à un homme riche aux abois, cerné à la fois par le fisc et les nombreux ennemis qu'il a roulés dans la farine, Dortmunder accepte de revêtir la tenue de majordome au service de sa graisseuse majesté Monroe Hall, un être abject né avec une cuiller en argent en bouche avec laquelle il a avalé goulûment le mot « générosité ».
Pour Dortmunder, les affaires se corsent quand un collectif syndicalo-bourgeois ruiné l'enlève en même temps que Monroe Hall. La police s'en mêle alors et ses soupçons se posent bien sûr sur le majordome engagé la veille ! Pour les autres membres de l'équipe restés sur place, privés de leur stratège, l'heure est à la débandade. La police, fidèle à son habitude, se montre lourde. Un tueur rôde, des voitures se font la malle, des toilettes sont démontées, des coups pleuvent et des têtes déconnent. Bref, le chaos. Le pire est pourtant à venir. Car même si Dortmunder et sa bande ne parviennent pas à voler quoi que ce soit, fût-ce une tirelire, au moins restera-t-il ce constat amer et déroutant: ils auront travaillé!
Avec Les Sentiers du désastre, Donald Westlake s'en donne à cœur joie. Il fait subir les pires avanies à son héros, prenant un malin plaisir à le torturer et à le mettre en scène dans des rôles qu'il abhorre mais qu'il se résout à endosser faute d'alternative. Dortmunder est un mélange de Donald Duck pour la (mal)chance et de Droopy pour la dégaine. Capable d'imaginer le pire et de le sous-évaluer… pour notre plus grand plaisir !