CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 8.5
INFORMATIONS LIVRE
Édité chez
Collection :
Numéro collection : 688
ISBN : 2743618051
Nombre de pages : 262
Format : 11x18cm
Année de parution : 1966
Titre original : Mannen some gick upp i rök
Crédits
Auteur(s) :
Traducteur(s) :

Romancier: Per Wahlöö, préfacier: Val Mcdermid

Contexte
Pays : ,
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6 / 10

L’Homme qui partit en fumée

Série :
Auteur :

La nostalgie du beau Danube rouge

Inspiré de l'affaire Wallenberg, ce diplomate suédois « volatilisé » en URSS, en fait incarcéré et mort dans les prisons de la Loubianka à Moscou, L'homme qui partit en fumée revisite les clichés de la littérature d'espionnage pour les éloigner de James Bond et les rapprocher de nous. Alf Matsson, un type pas drôle, buveur, coureur de jupons, sûr de lui, hautain et prétentieux (portrait de journaliste à la mode très réaliste) et donc reporter d'un journal suédois à gros tirage, disparaît à Budapest, derrière le Rideau de Fer. Nous sommes en 1966. Le gouvernement de Stockholm, en pleine guerre froide, veut rester discret d'autant que le journal de Matsson menace les services secrets suédois d'un scandale si l'exclusivité de la disparition du journaliste venait à lui échapper. Martin Beck qui s'apprête à rejoindre sa femme et ses enfants en vacances passe pour l'homme de la situation. Une perspective à laquelle il adhère avec flegme, pour des raisons qu'il préfère ne pas s'expliquer.

Avec L'homme qui partit en fumée, Maj Sjöwall et Per Wahlöö font preuve de nuance et d'audace (avec le recul). Au moment où l'on craint en Europe le méchant soldat soviétique à la peau d'ours sur la tête, le couteau entre les dents, Maj et Per tentent le pari de peindre une capitale du bloc de l'Est humanisée et accueillante, alanguie sous le soleil de l'été. Tout au long des chapitres, on pense à s'allonger sur les pelouses au bord du Danube, à prendre un bateau pour gagner un petit restaurant et commander un velouté de champignons et un poisson du lac Balaton arrosé d'un aimable vin blanc, le tout accompagné d'un petit orchestre jouant Liszt. Non, disons-le à présent avec force, la vie à Budapest n'était pas le goulag sibérien au royaume des pays petits frères. Un constat qui à l'heure de la grande faillite de la finance occidentale peut faire naître quelques regrets. Ça nous apprendra à jeter l'eau du bain avec le bébé.
De fait, Maj Sjöwall et Per Wahlöö, en déplaçant les projecteurs de l'histoire officielle, recadrent à leur manière (discrète, non intrusive et très efficace) le regard que nous pouvons porter sur nos pays à nous. Finalement, on pourrait presque lire L'homme qui partit en fumée comme le pendant du film Le Rideau déchiré, mis en scène par un Alfred Hitchcock sur le déclin, aux prises avec l'industrie hollywoodienne à qui il finit par vendre sa chemise.

Article initialement paru le 21 février 2009
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
La brochure, éditée par le Syndicat de la presse allemande, traitait du trust Springer, l'un des plus puissants éditeurs de journaux et de revues de l'Allemagne occidentale, et de son patron, Axel Springer, ancien journaliste de Goebbels.
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