CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 18
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ISBN : 978-2-914704-62-5
Nombre de pages : 272
Format : 14x21cm
Année de parution : 2009
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6 / 10

Qui a peur de Baby Love ?

Série :

Coming out mortel

Marseille. Entre kilos de trop et reproches hépatiques, le pendu de la plaine de la Crau défie la raison policière. Étrange suicidé aux airs de supplicié, que rejoint bientôt un second cadavre arborant autour du crâne un même bandeau de couleur… Le lieutenant Govgaline, Emma Govgaline, look de mec androgyne, est perplexe. Clovis Narigou ne l'est pas moins, notre narrateur, détective opiniâtre sur le râble duquel s'est abattue la volcanique Élodie : on a tué son frère, Paterne, à des centaines de bornes de Marseille, mais selon un mode opératoire qui rappelle les faux suicidés de la cité phocéenne… Tous abattus avec un SIG-sauer, une arme de flic. Et pour chacun d'entre eux, un bandeau autour du crâne déclinant l'arc-en-ciel gay. Mieux : pour la plupart, ces crimes ont été annoncés dans la presse la veille de leur assassinat, dans des rubriques nécros signées Baby Love. Un hit sorti tout droit des années soixante-dix : Diana Ross ! Après Polycarpe, Paterne, Bellérophon, Clovis cherche à mettre la main sur le prochain d'une liste dont il a percé le mystère.
Une onomastique à décoiffer la comtesse de Ségur, qui s'y entendait pourtant en toponymie insolite. Le lien ? Ils sont tous sortis de la vénérable institution Saint-Nicolas, une boîte privée qui formaient des esprits contournés : ces autres années 68, héritières d'une contre-révolution rancunière, anti-femme, anti-gay, triste à mourir et jamais morte. Mais dans le tas, l'incongru Baby Love, brebis galeuse orchestrant magistralement son coming out après l'humiliation de ses années bahuts. Décédé pourtant depuis belle lurette. On dirait bien. À moins que.
Et de plonger le lecteur dans les secrets des institutions insalubres, ces écoles pourvoyeuses de Républiques autoritaires aux idéologies nauséabondes et aux engagements torves. Le GUD, Occident, que de bons souvenirs… Mais contrairement à son habitude, pas d'emportement politique dans ce Gouiran. Juste le retournement d'une cause, et cette technique d'entrecroisement des récits qui tricotent l'intrigue avec patience et la décale dans des temporalités extravagantes, pour mieux permettre au narrateur de s'approcher et vous confier, à l'oreille, les effrois d'une vie confisquée.

Article initialement paru le 11 décembre 2009
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
Je dois avouer que la peinture d'Edward Hopper me remue un peu les tripes.
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