La narratrice est une jeune femme qui vit à Londres. Cette jeune femme rencontre Marcus, un homme riche, plus âgé qu’elle. Mais il la séduit (et pas forcément grâce à son argent) et lui demande de l’épouser. Il va lui présenter son ami Raja. Ensuite, alors qu’ils sont partis en voyage de noces, Marcus lui annonce qu’il a une grave maladie et qu’il est sur le point de mourir. Il a pourtant besoin d‘elle pour accomplir une tache complexe : elle doit s’introduire dans la famille d’Edouard, un personnage mystérieux qui vit actuellement sur la Côte d’Azur, dans une superbe villa, au milieu de ses œuvres d’art. La villa étant immense et les plans non disponibles, elle doit se faire passer pour une gouvernante qui acceptera de s’occuper des enfants de l’homme, pour obtenir sa confiance et pouvoir définir l’endroit où il passe ses nuits, afin que les forces de police puissent le coincer. La narratrice accepte cette mission, devient veuve alors que Raja devient son « officier traitant ». Même si elle se prend d’affection pour le fils d’Edouard, doit-elle à présent aller au bout cette mission qui lui semble étrange ?
Lea Carpenter nous offre un roman d’espionnage très littéraire. Toute l’action est vue à travers les yeux et les gestes de la narratrice (ou presque) dans un roman où l’on comprend que, dès le départ, il y a une manipulation, un chantage aux sentiments. Que ce soit, celle du futur mort envers sa veuve ou celle de la jeune femme par rapport à la famille qu’elle doit infiltrer, les relations sont faussées, biaisées. En arrière-plan le récit raconte une longue histoire de vengeance couvrant plusieurs décennies, la vengeance comme un plat qui se mange très froid. Servi par une écriture (et sans doute une traduction) fine, intelligente, disant les choses de manière fugace, évoquant des points dans une atmosphère de douceur et de non-dit, Troie est un petit bijou d’intelligence et de sophistication, un texte d’espionnage noir traité avec délicatesse sans évoquer de violences, de plans tordus, mais à travers le regard « naïf » de gens manipulés.