Aksel Studsgarth et Daniel Hansen tiennent la gageure de nous embarquer dans un périple fantastique sur plus de deux cents pages d'une bande dessinée en noir et blanc mue par des dialogues minimalistes.
Véritable roadmovie sanglant et à l'humour noir, Alva dans la nuit débute par un casse ordinaire si ce n'est qu'il va être perpétré par un trio de cambrioleurs mené par une monte-en-l'air talentueuse et digne d'une super-héroïne. Cette monte-en-l'air, c'est Alva, une orpheline marginale, abandonnée à sa naissance dans un Ikea à Hammarby, et qui fait équipe avec Mini et Morten, deux bras cassés sympathiques. Les trois ont été rencardés par un fourgue de l'existence d'un vieil homme qui écoule des pépites d'or pur 24 carats. Alcoolisé, l'homme s'est vanté d'en avoir plein son appartement. Un appartement dans les hauteurs d'un immeuble, inaccessible sauf pour Alva. Mais ce qui attend les filous derrière une cloison cachée est tout sauf ordinaire. Sans le savoir, ils libèrent Sisdel, une svaterdal, une sorcière des temps anciens, qui élimine le vieil homme, tue un des cambrioleurs et fait une marque à Alva. La nuit est assez particulière pour Alva car outre cette rencontre, elle apprend qu'elle est issue du peuple des Fjell. Mais aussi que les Artisans se sont réveillés, et qu'ils se mettent à sa poursuite. Avec l'aide de Mini, elle part dans la nuit froide à la recherche de ses origines, de la solution à leurs problèmes tout en se dirigeant implacablement vers des rencontres funestes, mortifères et sanglantes dont elle ne sortira pas indemne.
Alva dans la nuit est une bande dessinée dense qui brasse beaucoup de thématiques, emprunte également au thriller en y alliant du roadmovie et du fantastique. Les deux auteurs scandinaves (Daniel Hansen est suédois tandis que Aksel Studsgarth est danois) réussissent à nous immerger dans un univers où ils font revivre la mythologie nordique. Surtout, ils installent un univers de comics et de cinéma bis (le bon). Dès la première page, quand Alva se prêt au jeu de la chute d'un immeuble devant ses deux comparses, on sait qu'elle est de la trempe d'une Catwoman. La suite vire au gore mais sans oublier une touche comique, voire burlesque. Le trait est malicieux autant que talentueux (avec un rythme propre aux bandes dessinées d'action et un sens de la mise en case et en cage). Quant à l'apport du noir et blanc, eh bien il nous plonge dans un univers de ténèbres et de grand froid bienvenu. Pour Alva, un nouvel horizon s'offre à elle, ce qui ne peut manquer de nous réjouir ! Tout ça au sein d'une bande dessinée, véritable bel objet, avec un scénario intelligent et un dessin original…
