Joan Mendes est une femme qui approche de la trentaine. Et c’est le moment pour elle de faire un retour sur sa vie. Elle se rend compte qu’elle est passée à côté de beaucoup de choses. Lesbienne, elle a délaissé ce qui aurait pu être l’amour de sa vie en se déconsidérant et se dévalorisant. Musicienne, elle n’a pas pu percer avec son groupe et lorsqu’elle a monté un festival, il a dû s’arrêter après la première édition car dans le quartier où elle habite, elle a été obligée de composer avec des truands qui se sont servi d’elle pour blanchir de l’argent. Comme en plus, elle était liée familialement à des grosses pointures criminelles du quartier, il était compliqué de dire non. Mais elle s’est aussi mise en délicatesse avec les forces de police. Alors qu’elle se sent vieillir, elle se retrouve à travailler pour une enseigne d’ameublement suédoise aux pratiques peu sociales. Le gérant de sa succursale a poussé au suicide une autre employée et le syndicaliste en titre en a profité pour déclencher une grève. Mais les forces de police, politiques et l’entreprise ont décidé de mettre la pression et de faire cesser la contestation. Pour ce faire, s’appuyer sur le fait que Joan Mendes, parmi les manifestantes, est liée aux truands de la ville. Mendes est renvoyée dans les cordes et elle ne sait comment s’en sortir. Elle trouvera une solution, mais pas forcément la meilleure.
Mimosa Effe nous impose un récit noir et social. Dès le début, pour désamorcer le suspense, l’auteure choisit de présenter une partie de la fin, mais cela n’empêche pas le lecteur de se laisser prendre par la main et de suivre attentivement la façon dont l’héroïne est malmenée par la vie, se trompe elle-même sur ses possibilités. Entre vie de banlieue montrée sans manichéisme ni angélisme, description amère des milieux de travail, galère du monde musical, et la façon dont chacun est in fine rattrapé aussi par une forme de déterminisme social, y compris lorsqu’il est appliqué à coups de marteau par les autorités, Dernier recours conduit inexorablement à cette fin programmée, ce qui est aussi la définition d’un roman noir, âpre et social, intelligemment amené et construit.