CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 16
INFORMATIONS LIVRE
Édité chez
ISBN : 978-2-213-65144-6
Nombre de pages : 252
Format : 14x22cm
Année de parution : 2009
Crédits
Contexte
Époque :
Pays :
CHRONIQUES > LIVRES >
8 / 10

Diplomatie en kimono

L'espionnage industriel au VIIe siècle, en Chine  !

Le juge Ti Jen-tsie est, depuis l'an dernier, revenu à Chang-an, la capitale des Tang pour diriger la police civile métropolitaine avec le grade de mandarin de troisième rang. Il est un personnage considérable. Aussi s'étonne-t-il de la demande de ses trois épouses de recevoir, séance tenante, un commerçant. Celui-ci est mort de peur. Parce qu'il pensait ne pas pouvoir honorer ses commandes de tissus, qu'il n'avait pas le courage de se suicider, il a commandité un tueur pour l'exécuter. Or, sa situation s'est arrangée et il ne veut plus mourir ! Bien que très réticent, Ti promet de s'occuper de son affaire. Mais un messager lui apporte un rouleau portant le sceau ministériel. Il doit sans délai accueillir et encadrer une délégation du pays de Wo, préparer ses membres à être reçu par Sa Majesté.
Alors que l'affaire du commerçant prend une direction inattendue, la vie de Ti n'est pas de tout repos avec les membres de la délégation Wo. Cependant, sa perspicacité est de nouveau sollicitée. De l'argent est apparu dans un lieu public. Une dizaine de pièces d'or de bon poids ont été retrouvées dans des latrines près du sanctuaire de la Terre pure par les ouvriers chargés de les vider. L'affaire se complique lorsque Ti découvre qu'il s'agit d'or coréen, l'or d'une délégation qui séjourne dans la Capitale. L'avidité des Wo pour tout connaître de la vie chinoise lui cause bien des soucis et le met en danger vis-à-vis de sa hiérarchie, car ceux-ci ne sont pas du tout ce qu'ils veulent paraître.

Le juge Ti a été crée par Robert Van Gulik, en 1949. Il apparait alors dans Le Mystère du labyrinthe. Il a utilisé, pour structurer son enquêteur, une personnalité de la dynastie Tang, né en 630 de notre ère et mort en 700. Mais l'auteur n'a conservé de la réalité de celui qui l'a inspiré, que les lieux où il a été en poste, les dates de naissance et de mort. Les enquêtes qu'il relate en quatorze romans et dix récits sont inspirées, en partie, de ce que Van Gulik traduit dans d'anciens recueils d'histoires criminelles chinoises.
Frédéric Lenormand a repris ce personnage célèbre de la littérature policière de détection et en continue les aventures, respectant le cadre fixé par Van Gulik. Diplomatie en kimono est ainsi la quatorzième enquête qu'il écrit depuis 2004. Il fait montre d'une connaissance fine de cette période, de son organisation sociale et politique, ainsi que des usages qui régissent la vie quotidienne. L'auteur reprend, pour une partie de son roman, l'antagonisme, quasi millénaire, existant entre la Chine et le Japon, avec la Corée entre les deux. L'avance culturelle, économique et technologique de la Chine a fait rêver nombre de dirigeants d'un Japon en stagnation, isolés dans leurs îles. L'auteur explicite, avec beaucoup d'humour, les diverses coutumes sociales, la complexité de l'étiquette impériale et de l'organisation de la vie politique. D'un trait, d'une image il sait définir et faire ressentir une réalité. Ainsi, à propos des attitudes que doivent adopter tous les visiteurs reçus par l'Empereur : « la diplomatie chinoise n'était pas faite pour les genoux fragiles ni pour les dos raides ». Le récit est mené avec un ton très alerte, léger et spirituel.
Diplomatie en kimono permet de renouer avec un personnage emblématique du roman policier, une époque avec plaisir.

Article initialement paru le 10 novembre 2009
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
Pourquoi ne pas leur donner aussi les clés de la Cité interdite, avec le plan d'accès aux appartements impériaux ?
CONTINUEZ VOTRE LECTURE..