CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 21
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Édité chez
Collection :
ISBN : 978-2-7427-9513-0
Nombre de pages : 332
Format : 15x24cm
Année de parution : 2011
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8 / 10

Le Pays oublié du temps

Série :

Lutte des âges

En cinq romans, Xavier-Marie Bonnot s'est fait une place à part dans le roman noir — et a vite dépassé le cadre du polar « du sud ». Transfuge des éditions Belfond, l'auteur garde son même personnage récurrent, le commandant de police Michel De Palma alias Le Baron. Xavier-Marie Bonnot, c'est un peu la grande réconciliation entre les anciens et les plus jeunes. Le personnage du Baron représente les flics quadras à l'ancienne, ceux qu'interprétaient jadis Lino Ventura ou Jean-Paul Belmondo, ici dépourvus de l'apparat du « super-flic ». De même, les intrigues prennent la forme d'enquêtes classiques avec parfois carrément des détours vers l'énigme pure et dure – On se souvient de la complexité de La Première empreinte.

Ici, on a droit à un whodunit de la plus belle eau, suite au meurtre surréaliste d'un collectionneur de ces arts dits « primitifs », et dont les racines se retrouvent dans le sort réservé aux Indiens d'Amazonie sacrifiés sur l'autel du soi-disant progrès. Alors, polar à l'ancienne ? Que nenni ! D'abord, ces bons gros romans nient les effets flash et saccadés dont abusent les tâcherons pour une langue résolument actuelle, bien ancrée dans l'ici et le maintenant, avec des incursions dans l'étrange, voire comme ici, dans un fantastique diffus. Ceux qui s'attardent sur le style pur noteront au passage que, sur ce point, Xavier-Marie Bonnot a encore monté d'un cran par rapport à son précédent roman, avec des passages très élégants insérés comme ça, presque avec l'air de s'excuser – Michel Lebrun dirait : « comme s'il fallait s'excuser d'avoir du talent ! Et puis, reste le point central : la documentation. Séquelle de l'historien, ces romans sont bâtis autour d'une vérité historique et, ici, sociologique (là où Les Âmes sans nom s'attachait à la lutte armée irlandaise et à ses compagnons de route parfois douteux), celle de peuplades dites primitives, citations de Freud et Lévi-Strauss à l'appui.

Tout l'art de l'auteur est dans la gestion de cette documentation qui ne tombe jamais dans l'étalage (voire le copier-coller wikiesque) et la maestria avec laquelle celle-ci s'insère dans l'enquête policière, l'une se nourrissant de l'autre du fait que l'ensemble est vu de l'œil du candide – le policier se substituant au lecteur. Au final, non seulement on a lu un bon polar distrayant, mais on a l'impression d'en ressortir un peu moins bête qu'on y est entré. Franchement, que voulez-vous demander de plus ?

Article initialement paru le 17 avril 2011
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
L'homme était mort dans son fauteuil. Un masque de fibres végétales, dont la forme dessinait un cœur rouge, cachait son visage. La couleur avait passé. Deux yeux blancs, fantastiques, saillaient, grands ouverts et séparés par une cloison noire. D'une bouche en losange pendaient des filaments blancs.
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