Ne pas penser au sang. Se mettre en sécurité. Ne pas penser au sang. Son petit garçon sur le siège arrière de la voiture. Se mettre en sécurité dans cette maison de vacances sur l'île de Gråskär. L'ancienne maison du gardien de phare, devenue la maison familiale. Tandis que là-bas… Le cadavre de Mats. Dans son appartement de Fjällbacka. Et la police perplexe. Si peu d'éléments. Sinon que la victime est allée sur cette île elle aussi, que l'on nomme « l'île aux esprits », où les morts, dit-on, ne quittent jamais les vivants. Patrick Hedstrom, le compagnon d'Erica, enquête. Et cède aussi souvent qu'il le peut la vedette à Erica. Qui croise bientôt un nombre invraisemblable de protagonistes. Suit l'un, talonne l'autre, et nous promène dans leurs fausses pistes. Chacun sa part d'ombre. Les secrets sont nombreux dans le ciel plombé d'angoisses de l'île au phare. De celles de ces femmes qui ont fui leurs maris. Ces femmes victimes de violences conjugales auprès desquelles Mats, justement, travaillait. Attentif. Comme elles étaient attentives les unes aux autres, Erica de sa sœur, cette mère de son fils. À nous plonger dans leur intimité familiale qui fait le charme du roman, à l'intrigue somme toute habituelle. Mais que cette fois encore Jean-Christophe Lebert sait bonifier avec sa lecture lente, au phrasé si doux, portant le texte avec bienveillance jusqu'à son point de rupture. Méticuleusement, sans bousculer son rythme, il conte plus qu'il ne raconte, posant avec délicatesse l'univers d'un roman suturé de nostalgie.
NdR – 2 CD MP3, 16 h 14 d'écoute.