Pour les cinéphiles, Gloria n’est pas une marque de lait, mais un superbe film réalisé par John Cassavetes. Ce film raconte l’histoire d’une femme seule, désespérée, qui va reprendre goût à la vie en aidant un petit enfant, devenu la cible de tueurs car il a été témoin d’une action criminelle. Gloria est aussi le personnage au centre de ce roman. Mais Gloria s’appelle en fait Peter et est traducteur. Mais dans sa vie rêvée, il préfère s’habiller en femme, mettre une perruque et se promener ainsi dans la ville du sud de l’Angleterre où il vit. En tout cas, il habite dans un appartement dans un quartier pauvre avec des voisins sont pakistanais. Un jour, des hommes viennent et liquident tous les gens qui vivent dans l’appartement. Seul un jeune adolescent parvient à fuir et à se réfugier chez Gloria. Cette dernière va devoir vivre la même expérience que celle du film. Si les hommes ont été liquidés, c’est parce qu’ils faisaient partie d’un gang qui avait aidé un député à être élu, en s’occupant de lui procurer des voix. En réaction, quelqu’un a utilisé la mafia albanaise pour les liquider et par contre coup faire éclater le scandale de son élection. Une mafia albanaise violente et qui essaie de s’implanter dans le coin. C’est pour surveiller et contrecarrer cette arrivée d’un gang violent qu’un policier londonien a été envoyé en renfort de la police locale. Ce policier ne s’est pas intégré. Mais il comprend que quelqu’un a échappé au massacre et qu’il se cache. Il doit le retrouver ce qui pourrait lui permettre de faire exploser le gang. Qui trouvera en premier l’adolescent ?
Depuis plusieurs années, Gilles Sebhan nous offre une œuvre noire exigeante, centrée sur les personnages, des paumés, des décalés, des blessés de la vie qui tentent de se construire ou se reconstruire, de dépasser le drame pour inventer une nouvelle vie. Ce roman continue avec force dans cette veine forte et sombre : à travers le destin d’un homme qui ne s’accepte pas comme tel, d’un adolescent qui a fui et a supporté de nombreuses « blessures » et d’un policier qui doit fonctionner pour sauver des gens, même si cela détruit sa vie familiale. Sans pathos, à travers la résilience et le désir de tout surmonter, tout en titubant devant les événements, devant nos yeux, des humains se lèvent et essaient de poursuivre leur chemin, malgré tout. Night Boy est à la fois un roman noir et sombre et un texte où la flamme de l’espoir, vacillante, continue à luire.
