CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 19
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ISBN : 978-2-213-63515-6
Nombre de pages : 318
Format : 13x21cm
Année de parution : 2008
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8 / 10

Remington

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La machine à occire

Remington est un industriel qui a construit sa fortune grâce à la production d'armes à feu et de machines à écrire. N'en déplaise aux amateurs de fusillades, c'est avant tout au deuxième ustensile que fait référence le titre du troisième roman de Joseph Incardona. Mais qu'ils se rassurent, l'effet est tout aussi dévastateur car l'encre qui coule de cette machine à écrire à l'épaisseur du sang, et l'auteur, répondant aux exigences du roman noir auquel il s'attaque ici, finira par faire intervenir l'autre raison de la fortune de Remington : les armes à feu.

Ce roman met en scène Matteo Greco, un jeune écrivain, boxeur amateur et vigile, qui cherche son style et l'ouverture qui lui permettra d'écrire son premier roman. Dans un atelier d'écriture, il croise Elsa Duvivier, auteur en devenir elle aussi. Très vite leur relation prend la tournure de celle qu'entretient la mante religieuse avec son mâle. « Je sucerai tous les mecs de la terre sauf toi. Tu seras le seul homme à qui je n'aurai pas taillé une pipe, et le monde entier le saura. » lui déclare-t-elle avant de se donner à lui. Dans leur relation d'écrivains, c'est exactement le contraire qui se produit. L'histoire basculera alors de la tension qui précède l'orage au drame. Les histoires d'amour finissent mal, en général.

Il flotte un doux parfum de fin du XXe siècle sur ce roman. Et si celui de la cordite tarde à venir, laissant longtemps l'histoire dans la chronique des tergiversations existentielles d'un jeune écrivain soumis aux petits boulots d'appoint, nous sommes bien en présence d'un récit noir, dans la construction du geste irréparable. Joseph Incardona convoque d'ailleurs dans Remington, toute une mythologie du noir : de Raymond Chandler à Jean-Patrick Manchette en passant par Léo Malet, de Martin Scorsese à Quentin Tarantino. Il cite aussi Patrick Dewaere, fait référence à Philippe Djian. Il est vrai que l'auteur, dans ce récit, est proche de ce dernier.

Ce roman sonne comme un hommage appuyé de l'auteur à ses aînés, ceux qui l'ont influencé, comme il l'avait déjà fait dans l'un de ses précédents ouvrages, Taxidermie (recueil de nouvelles paru en 2005 aux éditions. Finitude), dans lequel il saluait Raymond Carver.

Article initialement paru le 29 septembre 2008
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
L'amour perdu est sans doute ce qui nous rapproche le plus de l'expérience de la mort.
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