CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 17
INFORMATIONS LIVRE
Édité chez
ISBN : 978-2-36476-018-9
Nombre de pages : 158
Format : 14x22cm
Année de parution : 2012
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10 / 10

Un petit jouet mécanique

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Immersion imminente

Deuxième roman après le très remarqué Je tue les enfants français dans les jardins, ce nouvel opus de Marie Neuser risque de surprendre : pas de déluges de haine envers les (sales) jeunes en victimes expiatoires et… pas de polar, pas vraiment, ce roman relevant de la littérature générale. La vraie, bien sûr, pas celle des petits marquis consanguins du Landerneau médiatique. Depuis quand vous êtes-vous retrouvé immergé corps et âme dans un roman, ressentant ce que ressentent ses personnages, vous identifiant totalement à leurs heurts et malheurs jusqu'à une conclusion forcément terrible, qui est là, en gestation dès le départ, avec l'évidence de la tragédie, et qui réussit pourtant à surprendre ?

L'histoire est simple comme une épure : au Cap Corse, un jouet mécanique joue le rôle de la madeleine de Proust, rappelant à Anna des vacances avec ses parents l'été de ses seize ans. Et c'est là qu'arrive Hélène, la sœur perdue, affublée d'une petite fille, Léa. Acceptée malgré son sans-gêne par des grands-parents gâteaux, elle intrigue néanmoins Anna : est-il possible qu'Hélène se serve de sa fille, la mettant en péril volontairement pour combler sa vanité ? Mais bien sûr, qui irait écouter une ado gauche et inadaptée…

On le voit, le roman brise un cliché qui fait son grand retour : non, une génitrice n'est pas forcément une mère-courage inoxydable parée par définition de toutes les qualités possibles et imaginables (et quelques autres qu'elle s'inventera au passage), mais peut également être un monstre ordinaire d'égoïsme profitant de l'aveuglement général. Le tout servi par une langue extraordinaire, évocatrice, immersive, sans jamais tomber dans l'écueil du surécrit, luxuriante de détails bien sentis, qui peut renvoyer à leur prose la grande majorité des petits marquis précités. On peut regretter une morale finale retombant dans le consensuel, mais on a là cent cinquante-huit pages de vraie littérature à l'estomac, et un livre que l'on referme avec l'impression d'avoir effectivement vécu une tranche de vie au milieu des personnages et des lieux décrits, et qui reste en mémoire longtemps après le dernier mot.

Amateurs de littérature prémâchée, lisse et formatée, consommateurs de thrillers industriels, passez votre chemin. Amateurs de vraie littérature, qu'elle soit blanche, noire ou de toute les couleurs de l'arc-en-ciel, ne vous y trompez pas. Indispensable ? Indispensable ! (Et certainement de la chair à prix, ou alors, c'est à se coller une balle…)

Article initialement paru le 20 juillet 2012
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
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