CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 18
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ISBN : 978-2-228-90864-1
Nombre de pages : 204
Format : 14x20cm
Année de parution : 2013
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4 / 10

Sinatra et la mafia

Série :

Natural born crooner

Sinatra aimait La Havane, les frères Fischetti et les femmes aux parfums capiteux. Il aimait chanter pour Luciano, le big boss de la mafia américaine, ou Giancana. Big Frank appointait donc, plus ou moins, à cette mafia que Hoover laissait croître paisiblement : mieux valait la pègre que les communistes… Il fréquentait Costello et s'en vantait ostensiblement. C'est que Big Mouth parlait beaucoup, même quand il démarchait les uns et les autres en convoyant leur argent sale. Au fond parce qu'il aimait par-dessus tout la gloire. Pour satisfaire, peut-être, son érotomanie invétérée. Avec l'aide de ses amis mafieux, il finit par se porter au sommet de cette gloire, détrônant Bing Crosby. Porté, protégé plus exactement, dans un rapport infiniment douteux qui l'obligeait. C'est que Luciano voulait développer ses affaires dans le milieu du showbiz. Sinatra lui allait bien, avec son ambition démesurée. Luciano racheta ainsi tous les casinos qui lui tombaient sous la main, entretenant un vivier d'artistes d'exception pour en maintenir la réputation. Décidément, ce Sinatra était une vraie poule aux œufs d'or. Les adolescentes en étaient folles. Cet air de mauvais garçon… le frisson assuré. C'était l'époque où la mafia mettait la main sur le cinéma américain, lançait ses vedettes comme on fabrique une marque. Sinatra était l'une de ces marques. Qui devint pour le coup mégalo, ne supportant plus aucune critique, et encore moins des journalistes, comme ce fouille-merde de Lee Mortimer qui le traqua dix ans durant et que Sinatra fit démolir. Frank l'irascible, toujours une affaire de cœur sur les bras, jusqu'à Ava Gardner qui lui causa bien des soucis, y compris auprès de ses amis mafieux, le morigénant de si mal se comporter envers l'institution du mariage… Un comble ! Quel portrait finalement, si parfaitement documenté, narré comme un roman, en mi-teinte, d'un homme de talent certes, mais trop fasciné par son image pour se soustraire aux manipulations dont il fut l'objet, jeté un jour par ses amis, humilié par JFK dont il se crut le proche compagnon, pitoyable au fond, quoi que son nom évoque encore aujourd'hui, de cette Amérique décomplexée qui recouvrait déjà le monde de son ombre gigantesque.

Article initialement paru le 14 novembre 2013
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
Pendant que le batteur crache une artiche dans le caniveau, ils époussètent leurs costards et repartent aussi tranquilles que des papes.
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