CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 8.8
INFORMATIONS LIVRE
Édité chez
Collection :
Numéro collection : 4597
ISBN : 978-2-264-04776-2
Nombre de pages : 474
Format : 11x18cm
Année de parution : 2010
Titre original : Gunshot Road
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8 / 10

La Piste du feu

Auteur :

Police aborigène

La Piste du feu : le titre peut sembler prémonitoire puisque les héros de ce roman sont dans le désert, meurent de soif et passent leur temps à souffrir de la chaleur. Il n'est sans doute pas anodin que cette lourdeur, climatique et criminelle, parcourt les quatre cents pages du roman avant d'exploser en pluie sur les dernières lignes du texte. Elle est également un indice du crime originel, celui qui explique la vague de meurtres successifs destinés à cacher la vérité, crime lié lui aussi à la chaleur nucléaire…
Ironie du titre également puisque toute cette histoire commence par la mort d'un géologue, un géologue qui parcourt les terres arides afin de prouver la justesse de sa théorie dite de la boule de neige, car la terre se serait constituée au départ grâce à la glace. Mais le titre est aussi un titre allégorique : la piste du feu peut renvoyer aux mythes aborigènes, à une danse ancestrale, à une prière panthéiste. Or, justement, la série policière d'Adrian Hyland aux éditions 10-18 s'ouvre aux autres temps et autres lieux du roman policier. Non seulement le lecteur voyage dans le monde australien, mais il découvre un policier doublement marginal : aborigène (plus choisi d'ailleurs pour répondre aux quotas des minorités qu'à une vraie intégration sur concours) et femme (avec les problèmes supplémentaires que cela pose).
Adrian Hyland tout en ancrant son roman dans la tradition du genre – des crimes, des indices, des pistes, des suspects, une policière qui n'en fait qu'à sa tête (une héroïne qui, à la vue de ce titre, nous incite à aller lire Le Dernier rêve de la colombe diamant, précédent roman de l'auteur inaugurant la série « Emily Tempest »), l'insère dans un décor peu courant, décrit dans sa force et sa sauvagerie naturelle (elle ne cache pas les déviances des aborigènes, leur misère, les prédateurs de la faune) et offre même quelques échappées à la lisière du fantastique ou du mythe avec un aborigène peut-être mort, mais qui continue à parcourir les pistes pour aider ses congénères, ou une asiatique qui peint dans le désert, ou encore de vieux fous qui poursuivent leurs rêves dans les grands espaces désertiques.
Style efficace, qui joue sur les décors, les personnages, y compris leurs silhouettes avec un chef de police atrabilaire, un pasteur itinérant, des méchants plus vrais que nature, des adolescents perdus dans ce monde trop grand pour eux, La Piste du feu coûte beaucoup moins cher qu'un billet d'avion et dépayse tout autant…

Article initialement paru le 3 janvier 2013
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
La niche, cette trappe par laquelle on servait autrefois les aborigènes qui voulaient acheter de l'alcool malgré l'interdiction, une pratique qui survit encore dans pas mal de pubs de l'outback.
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