CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 7.6
INFORMATIONS LIVRE
Édité chez
ISBN : 978-2-7556-9334-8
Nombre de pages : 266
Format : 11x18cm
Année de parution : 2016
Titre original : Lo que mi padre nunca me contó
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8 / 10

Ce que mon père ne m’a jamais dit

Post Scriptum

En décembre 1993, la police colombienne abattait Pablo Escobar, le plus recherché des narcotrafiquants qui, à la tête du cartel de Medellin, a régné sur le trafic mondial de cocaïne au cours des années 1980. Figure complexe, considéré par certains comme un héros du peuple et par d'autres comme un tueur sans pitié, Pablo Escobar a depuis sa mort inspiré quantité de récits plus ou moins documentaires, à l'instar de la série Narcos, qui propage autant de mythes qu'elle ne recèle de vérités. Écrasé par ce personnage qui ne raccorde pas à ses propres souvenirs de son père, Juan Pablo Escobar a entrepris de retracer le véritable parcours du narcotrafiquant, à travers livres, documentaires et conférences. Après le plutôt exhaustif Pablo Escobar, mon père, disponible chez J'ai Lu, il remet le couvert avec Ce que mon père ne m'a jamais dit, un post-scriptum où il entend révéler des faits nouveaux qui éclairent d'un jour différent cette histoire désormais connue de presque tous. Après la biographie inspirée de ses propres souvenirs, il effectue cette fois-ci un véritable travail journalistique, rencontrant et interviewant divers survivants des événements ou, plus souvent leurs enfants, eux-mêmes empêtrés dans les contradictions entre leurs souvenirs personnels et une histoire qui les dépasse. Et c'est à travers ce biais que cette nouvelle enquête devient finalement bien plus intéressante que ce qu'elle laissait présager : parce que plus que des révélations (trahisons familiales, culpabilités révélées), ce qui frappe ici est cette difficulté des « fils de… » à vivre avec le poids des péchés de leurs pères. Ainsi, Juan Pablo Escobar lui-même qui, après avoir, sans doute contre son gré, contribué à mythifier les activités de son père, s'est mué en croisé antidrogues, William Rodriguez Abadia, fils de l'un des principaux ennemis d'Escobar, toujours en colère contre celui qui a décimé une partie de sa famille ou Aaron Seal, celui d'un des complices du trafic, qui finira par dénoncer Escobar et sera assassiné froidement, devenu prédicateur, tous victimes collatérales des actions de leurs pères.

Confrontant souvenirs, anecdotes et témoignages, souvent livrés bruts sous formes d'entretiens, Juan Pablo Escobar raconte une histoire de pardon, de rédemption, d'héritage. Comment exister dans l'ombre de ceux qui nous ont précédé ? Comment choisir sa propre voie quand tout nous prédestine à un chemin tracé d'avance ? Comment vivre avec la haine ou s'en libérer ? Des questions essentielles qui font tout le sel d'un ouvrage qui, hélas, souffre de sa dépendance à ce qui a précédé. Il est difficile d'en profiter pleinement sans avoir une connaissance préalable d'événements complexes (il est quand même question de corruption internationale, de lutte de pouvoirs entre cartels, d'événements politiques d'il y a quarante ans) et on ne peut que conseiller d'avoir lu son précédent ouvrage, ou au moins d'avoir vu Narcos avant d'entamer Ce que mon père ne m'a jamais dit. Mais il n'en constitue pas moins le point final idéal à la saga criminelle d'Escobar.

Article initialement paru le 16 février 2022
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
Je ne connais aucun narco retraité ou qui vive en paix. Je ne vois que des morts ou des trafiquants en prison. Mon père a amassé une fortune qui finalement aura financé sa propre mort, tout en sauvant les vies de ceux qu'il aimait le plus.
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