La France est en campagne électorale. Une campagne dont les rouages bien huilés sont grippés par un candidat que tout le monde surnomme « le Boss ». Jeune, séduisant, communiquant hors pair, il se prétend indépendant des partis, drague à droite comme à gauche pour s'assurer l'élection. Membre de sa garde rapprochée, Gustave est un de ces jeunes loups, technocrates, subjugués par le chef et promis à un avenir brillant… si ce n'est que la relation qu'il vit avec Olivia, ambitieuse commissaire de police à la brigade des stupéfiants, bat sérieusement de l'aile et pourrait ne pas survivre à la campagne. Lorsque des SMS, aussi énigmatiques que menaçants tombent sur le portable de Gustave, tandis qu'Olivia se retrouve dans le collimateur de l'IGPN pour une faute impardonnable, tout ce bel avenir semble s'éloigner pour de bon.
Premier roman depuis dix ans d'Éric Halphen, La Faiblesse du maillon permet de plonger, de l'intérieur, dans les rouages d'une campagne. Difficile de ne pas reconnaître quelques figures publiques dans les personnages brossés par le magistrat-romancier, en particulier ce « Boss » qui fait écho de manière directe à un candidat qu'Éric Halphen a fortement soutenu et qui a réussi son pari politique. C'est aussi l'occasion de retrouver, en personnages secondaires, le juge Barth et le flic Bizek, héros de ses précédents romans. Un sujet passionnant qu'il connaît de l'intérieur et sur le bout des doigts, des personnages connus et appréciés, des références à l'actualité, Éric Halphen avait tout pour réussir un polar marquant, et pourtant La Faiblesse du maillon est, ironie du sort, son roman le plus faible. Tout est lent, tout traîne, son couple de « héros » et leurs tourments amoureux agacent rapidement, le « mystère » s'avère être totalement creux, et tout ce qui pouvait donner une quelconque énergie au roman est dilué dans des pavés explicatifs mal maîtrisés (quand il ne s'agit pas de résumés biographiques des personnages depuis la maternelle). Aussi aveuglé que Gustave par le charme du Boss (et de son modèle politique ?) Éric Halphen se perd et nous perd. Quelques scènes relèvent un peu le niveau, mais pas suffisamment pour nourrir un roman qui aurait pu être un portrait acide des mœurs politiques (comme il le promettait), mais n'est en définitive qu'un survol, en très haute altitude, où l'on s'ennuie à contempler le paysage de trop loin. Quand est-ce qu'on arrive ?