À Rouyn-Noranda, ville moyenne de l’ouest du Québec, on vit depuis des générations à l’ombre de la fonderie de cuivre Horne. Principale industrie de la ville, elle fournit emplois et activités culturelles, soutient le système de santé, les écoles et les commerces locaux. Elle offre également aux habitants un cadeau empoisonné, sous la forme d’un taux d’arsenic largement supérieur aux normes admises. Cet atome 33 dans la table périodique des éléments, qui contamine lentement la population, est au cœur d’une lutte acharnée entre les résidents et l’entreprise, sur fond de chantage, d’intimidation et de magouilles politiques. En se plongeant dans l’enquête autour de ce conflit qui dure depuis déjà six ans et la révélation d’analyses effectuées sur les enfants de la ville, Grégoire Osoha va remonter toute l’histoire de Rouyn-Noranda et de sa fonderie, des premiers prospecteurs arrivés sur place aux actionnaires d’une multinationale tentaculaire bien éloignée du bien-être d’une poignée d’habitants. Car au-delà des craintes bien réelles de la population, ce que révèle Atome 33, c’est l’imbrication du grand capital mondialisé et des gouvernements locaux, prêts à tordre les lois de leur propre pays pour les plus grands bénéfices des entreprises, et leur propre réélection.
À travers la parole des habitants, véritables personnages qu’on en vient à bien connaître, Grégoire Osoha, dessine les peurs d’une population perdue, d’une génération empoisonnée dès la naissance, non pas par un accident inévitable ou un coup du sort, mais par une recherche permanente d’une maximisation des bénéfices, qui pousse à systématiquement ignorer les recommandations sanitaires et environnementales. Ce faisant, il donne à Atome 33 la force d’un texte de lutte : celles de l’humain face à l’argent, de la décence face au cynisme, pour au final un reportage aussi passionnant que salvateur.